La Pierre brute

Propos introductifs

Vénérable maître et vous tous mes FF et SS en vos grades et qualités,

J’ai choisi aujourd’hui comme thème de ma première planche maçonnique celui de la pierre brute. Non pas parce que c’est un thème choisi au hasard parmi toute la longue liste des symboles qui s’offrait à moi. Mais parce que c’est pour moi un symbole puissant, fort et plein de sens.

Et en effet, c’est un des tout premiers symboles mystérieux auquel un apprenti est confronté. D’ailleurs, dans ma vie de profane, avant d’avoir reçu la lumière, j’ai souvent entendu dire que le but d’un franc maçon était de tailler sa pierre et de la polir pour la rendre la plus parfaite possible. Cette formulation, bien que claire en apparence est selon moi trop banale. Nul ne sait vraiment le pouvoir de ce symbole tant qu’il ne s’est pas penché sur la question.

En réalité mes chers FF et SS, ce thème est venu à moi comme une évidence. Pourquoi ?

Et bien il me suffit de regarder à l’orient lors de nos travaux là ou parfois, je vous l’avoue mon esprit s’évade quelques instants. Cet objet, cette matière brute, est posée sous nos yeux. A l’état inerte, pourtant toujours présent. Sans jamais se dégrader, sans jamais bouger de place.

Mais avant de commencer, j’aimerais d’abord vous raconter cette anecdote. La première image que j’ai eu de la Franc maçonnerie était il y a fort longtemps. Lorsque j’étais jeune, je regardais toujours la télévision dans la chambre de mes parents avec la seule chaine que je captais, la RTBF. Un jour, je suis tombé sur un épisode des Simpson, intitulé « Homer le Grand ». C’était en 1995.

Dans cet épisode, Homer devient membre d’une société secrète appelée les Tailleurs de pierres. Je l’ai compris plus tard mais on y caricaturait la franc-maçonnerie. Ce n’est qu’après mon initiation que j’ai fait le rapprochement en me replongeant dans cette série.

Cet épisode posait le décor d’un groupe d’habitants de Springfield, entourés de symboles et d’objets énigmatiques, où l’initiation complètement loufoque d’Homer – il faut le dire – lui permettait d’entrer dans un monde inaccessible aux profanes, ceux qui n’en étaient pas, plein d’avantages et de passes droits. Cela a suscité en moi une certaine curiosité, même si à cette époque et jusqu’à il y a peu, je n’avais pas encore fait le lien avec la Franc maçonnerie en général et la taille de la pierre brute en particulier.

Et encore pour la petite histoire, à un moment, les tailleurs de pierre sont tous attablés en train de partager des agapes et ils entonnent une chanson toujours parodique, dont les paroles ont toujours raisonné dans ma tête jusqu’à aujourd’hui.

Bon revenons en au fait. Dans cette planche, je travaillerai d’abord sur la symbolique de la pierre brute. La symbolique qui nous concerne tous, de manière individuelle. Puis j’aborderai une approche de la symbolique plus collective. Je vous expliquerai enfin comment, selon moi, ce symbole renvoie avant tout à notre morale.

La symbolique individuelle de la pierre brute

Au fil de mes recherches, j’ai compris que cette pierre brute est un symbole de travail intérieur. Lors du dernier chantier d’apprenti avec notre second surveillant, nous nous sommes questionné sur le sens du mot V.I.T.R.I.O.L. de l’acronyme plutôt. Chacun sait ici qu’il s’agit d’une devise latine « Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies Occultum Lapidem », signifiant : « Visite l’intérieur de la terre, et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée ». C’est a posteriori que j’ai compris que le travail de taille de la pierre brute démarre dans le cabinet de réflexion. Là où tout commence finalement. Comme si la solution était posée sous nos yeux, sans que nous sachions la déchiffrer.

D’un point de vue étymologique, le mot pierre est un dérivé du latin Petrus, lui même dérivé du grec Petros qui signifie le rocher. De prime a bord, la pierre évoque donc quelque chose de solide, de stable.

En franc-maçonnerie, la pierre brute constitue la première étape du cheminement spirituel et personnel de tout initié. Dès l’entrée dans le Temple, nous sommes invités à voir cet emblème, posé sur les marches de l’autel à l’Orient, où l’apprenti, en possession du maillet et du ciseau, effectuera son premier travail. Cette pierre brute représente l’état originel de l’homme, non façonné par l’effort sur soi, plein d’aspérités, d’imperfections et de failles, mais aussi porteur d’un potentiel immense encore inexploité.

Cela rejoint les travaux de Jean Marie Ragon, maçon français du Grand Orient, initié à Bruges en 1804, né à Bray sur Seine pas très loin d’ici et auteur de nombreux ouvrages qui traitent des rituels maçonniques qui rappelle que la pierre brute « symbolise les imperfections de l’esprit et du cœur que le maçon doit s’appliquer à corriger ».

En tant qu’emblème, elle signifie donc que l’homme n’est pas un être « fini » : il est inachevé et perfectible, tout entier voué à l’auto-construction voire à la reconstruction et à la transformation par le travail, et transformation par la connaissance.

La pierre brute est donc un symbole fondamental en franc maçonnerie. Le travail du franc-maçon ne s’arrête jamais. De son initiation jusqu’à son passage à l’orient éternel, il travaillera cette matière première dans l’objectif de construire un édifice solide, harmonieux et lumineux. Cette transformation n’est donc pas matérielle, elle est avant tout spirituelle, morale et je dirais même collective.

La pierre brute symboliserait alors le point de départ d’un chemin propre à chacun mais sans fin, et laisserait penser à un inachèvement volontaire de notre oeuvre. C’est un rappel symbolique que nul ne naît et ne meurt parfait, que chacun porte en soi des angles vifs, peut-être tranchants, encore à polir, des aspérités à lisser et que la progression en franc-maçonnerie est une quête incessante d’amélioration de soi-même.

A titre personnel, la pierre brute m’invite chaque jour à une introspection profonde. Que signifie pour moi, jeune apprenti, ce travail de taille ? Il ne s’agit pas seulement d’éliminer mes défauts apparents, mais de creuser plus loin, pour toucher l’essentiel qui fera de moi quelqu’un d’authentique. Chaque coup de maillet et chaque trait de ciseau symbolisent les épreuves, les difficultés, mais aussi les prises de conscience qui me façonnent et me structurent intérieurement.

Je m’arrête un instant sur un aspect important. Une récente question à l’étude des loges m’a conduit à élargir ma réflexion. Que deviennent les éclats de la pierre brute ? D’une part, on le sait maintenant, ce qui a été taillé représente les imperfections, les impuretés. Dès lors, admettons que je ne ramasse pas ces éclats, ces poussières, ne risquerais-je pas de marcher dessus et de les retrouver à nouveau sur mon chemin ? Les éclats taillés symbolisent les défauts et les vices anciens. Le franc-maçon que je suis n‘aurait pas intérêt à laisser reposer poussières et débris sur son chemin. La pureté du travail accompli serait alors compromise et tout serait à refaire.

J’ai aussi entendu qu’il ne fallait pas laver ses gants ou son tablier. Pourtant tous deux sont souillés par les éclats de la pierre brute. le maniaque que je suis ne peut s’empêcher de penser que si je ne nettoie pas mes vêtements de travail, la poussière ou les éclats reviendront inlassablement se refixer sur ma pierre. En d’autres termes, balayer mon passé me permettra d’avancer.

La dimension collective de la pierre brute

En ce qui concerne la dimension collective de la pierre brute, admettons que chacun d’entre nous taille sa pierre en forme de brique, que pourrions nous construire ensuite ? Une maison pour nous abriter ? Une école pour nous instruire ? Ou un temple pour nous recueillir ? Une chose est sure, il sera difficile de construire un édifice avec une seule pierre. La pierre brute, deviendra donc la pierre angulaire de quelque chose de plus grand.

Ce symbolisme rejoint le mythe fondateur du Temple de Salomon, où les pierres, extraites brutes de la carrière, sont ensuite travaillées pour édifier une œuvre sacrée. Selon les récits bibliques (1 Rois 6:7), aucune pierre de taille n’est employée à l’origine : la transformation du brut au taillé est une victoire sur la matière, une transmutation animée par l’esprit divin.

La pierre brute, une fois taillée mes chers FF et SS n’a alors de valeur que lorsqu’elle s’imbrique dans un ensemble. Mais alors qui est capable de juger si sa pierre est suffisamment polie ? Ne faudrait-il pas soumettre son travail à un contremaitre ? À un grand architecte ? Qui détermine la valeur sociale de l’être polissé ?Le but étant je le rappelle est de devenir une « belle personne ».

Mais une belle personne ne l’est que lorsqu’elle se comporte dignement avec les autres, en société. Nul ne peut se prévaloir d’être un homme bon, c’est un titre honorifique, une distinction que l’on se fait remettre.

Sans faire de géologie, partons du postulat que la pierre est une roche exogène formée à la surface de la croûte terrestre, si chacun d’entre nous dispose d’une pierre, ou si chacun de nous est une pierre, nous serions donc tous un morceaux de quelque chose.

Néanmoins de quelle matière parlons nous ? Certains seraient faits de gré, de granit, ou de Jaumont, cette pierre jaune qui me tient tant à coeur, elle qui a permis de façonner la si belle ville de Metz qui m’a vu grandir, quand d’autre seraient de marbre ou de vulgaires cailloux ? Notre pierre, chacun en ce qui nous concerne aurait-elle la même valeur que celle de notre voisin ? Sous entendu, untel ou untel vaudrait mieux que moi ? Je pose ici cette réflexion.

La dimension morale et spirituelle

D’un point de vue moral et spirituel, j’aime à penser que la pierre brute est aussi un miroir. Elle reflète à la fois notre état initial, ce que nous sommes sans filtre, avec nos fragilités et nos forces mal maîtrisées, et le projet de ce que nous pouvons devenir grâce au travail réalisé. Le travail sur la pierre brute engage une démarche d’humilité : reconnaître ses imperfections, les accepter comme un état transitoire, et s’engager dans un travail de rectification.

Mais elle incarne également la promesse d’un aboutissement, la pierre cubique, parfaite, dont la forme géométrique symbolise l’équilibre, la sagesse et la maîtrise. L’invitation maçonnique est donc une invitation à la métamorphose, à la rédemption individuelle qui éclaire par ricochet, par extension le collectif.

La pierre brute est aussi le symbole de la patience et de la persévérance. On ne taille pas une pierre parfaite en un jour, pas plus que l’on ne se transforme en un instant. C’est un long processus d’efforts constants, de remises en question et d’acceptation des imperfection.

En ce sens, elle enseigne l’humilité et la persévérance, deux vertus indispensables dans notre démarche maçonnique. Plus tard, la pierre brute deviendra la pierre cubique, où la matière s’ordonne, devient stable et apte à prendre place dans le Temple. Puis viendra la pierre cubique à pointe ou pyramidion, surmontant le cube, et signalera le passage à la verticalité spirituelle.

Dans le « Manuscrit Dumfries », la question du maçon est abordée ainsi : « Qu’est-ce qu’un maçon ? Réponse : Un ouvrier de la pierre. » Pour œuvrer sur cette pierre, je l’ai dit, il nous faudra utiliser deux outils indispensables : le maillet et le ciseau.

Le maillet, par la force contrôlée qu’il délivre, incarne la volonté et la puissance. Le ciseau, plus fin, représente la précision, la sagesse et la réflexion. Ensemble, ils produisent la transformation de la pierre brute. Ils rappellent également que cette transformation ne peut être anarchique ou brutale, mais qu’elle doit être mesurée, réfléchie et équilibrée.

Cet équilibre entre force et finesse est à mon sens un appel à travailler sur soi avec rigueur, mais aussi avec discernement. C’est apprendre à se connaître assez pour ne pas s’abîmer dans un excès de dureté ou de douceur, mais pour tailler la pierre à la juste mesure.

Le symbole de la pierre brute a donc un double sens. Il invite le franc maçon à une double démarche, à la fois introspective et extrospective : il est tantôt l’ouvrier qui façonne tantôt lui même la pierre qu’il façonne. Le sujet et l’objet sont alors confondus. Dans « Eupalinos ou l’Architecte », Socrate dit que: « À force de construire… je crois bien que je me suis construit moi-même. »

Travailler à dégrossir sa pierre brute n’est pas seulement une dimension morale individuelle : c’est aussi une preuve d’humilité. Chacun doit reconnaître la nécessité de progresser sans limite, d’accepter ses erreurs et ses bannir ses faiblesses.

Conclusion

Mes chers frères et soeurs, à travers la symbolique de la pierre brute, se manifeste la notion d’un travail sans fin. Nulle pierre n’est jamais parfaite de façon absolue. Le chemin maçonnique est celui de l’inaccompli, une quête éternelle, où chaque étape franchie ouvre un nouveau champ d’apprentissage et de profondeur.

La pierre brute est un rappel constant que l’homme est un être en devenir, et que la vérité, la sagesse et la lumière sont des horizons qui restent à poursuivre mais jamais totalement atteints. C’est cette dynamique qui donne sa richesse à notre engagement maçonnique, la lutte incessante contre l’ignorance, l’égoïsme, et l’erreur. J’ai dit

Le rôle des symboles

V :. M :. et vous tous mes frères et sœurs en vos grades et qualité,

Ma sœur L:., mon frère O:., vous avez été initiés ce soir du 3 octobre 2025 à Corbeil-Essonnes. Vous faites désormais partie d’un ordre initiatique, celui des francs-maçons.

Toute votre vie, vous vous souviendrez de cette cérémonie qui restera à jamais gravée dans vos mémoires. Pourtant, l’histoire ne date pas d’hier et vous n’êtes pas les premiers à avoir reçu la lumière : dans sa forme moderne, la franc-maçonnerie prend naissance au XVIIe siècle, quelque part en Grande-Bretagne. A cette époque, la mise en place de rituels initiatiques inspirés des Anciens Devoirs, règlements professionnels en vigueur dans les guildes de bâtisseurs, fut l’un des phénomènes annonciateurs de la franc-maçonnerie émergente. Ces rituels incluaient des serments et des secrets, conférant aux connaissances, que les membres partageaient un caractère mystérieux. Ils avaient aussi pour objectif de transmettre des valeurs comme l’intégrité, la fraternité et la nécessaire recherche de la vérité. Cette dimension éthique devint ainsi le socle de la franc-maçonnerie qui se présentait comme une école de perfectionnement personnel. Et la maîtrise des symboles et des gestes devint une caractéristique clé du parcours initiatique de ses membres.

Les symboles : parlons-en des symboles ! Toute la soirée, vous entendu, comme une antienne, « ici, tout est symbole. ».

Dans la symbolique initiatique des constructeurs, les symboles architecturaux revêtent une importance particulière : les outils du maçon, tels que l’équerre, le compas, le fil à plomb et le niveau, ne servaient pas uniquement aux travaux matériels, il prenait une valeur métaphorique représentant des principes moraux ou universels. Ainsi, l’équerre pouvait symboliser la rectitude, le compas la mesure et le cercle la perfection. De cette façon, la maçonnerie répétait l’idée que la construction du bâtiment matériel devait être associé à une construction intérieure de l’individu. Cette correspondance entre le concret et l’abstrait, entre le visible et l’invisible, entre l’ostensible et l’intime, est un aspect fondamental du système de pensée maçonnique. Le symbolisme de la construction aide à exprimer notre philosophie, notre vision du monde et nos principes moraux. Les symboles sont des allégories ou plutôt des métaphores reflétant l’aspiration de l’homme à l’amélioration intérieure, à la connaissance de soi et à la perfection morale.

Ma sœur L:., mon frère O:., dans les semaines qui viennent, vous allez découvrir, entre les objets, les décors, les gestes et les paroles prononcées, 30, 40, 50 symboles ou peut-être plus ! Tous ces symboles et ces gestes, tous ces signes et ces expressions typiquement maçonniques sont issus d’un syncrétisme aux origines multiples et parfois obscures, et sont transmis de génération en génération. Ils représentent un champ sémantique et analogique constitué, solide, qui a connu l’épreuve du temps. Dans leur diversité, les symboles ont tous un point commun : ils permettent de réfléchir différemment. Ils constituent une langue à part entière, une langue qui permet de provoquer en nous une forme d’éveil, une forme de confrontation intime, et entre nous un moyen de dialogue, une forme de confrontation à la pensée de l’autre. Chacun à sa manière, chacun dans son registre, ils sont autant de catalyseurs à la réflexion et sont là pour nous rappeler du travail à faire nous permettre de progresser collectivement.

Alors même si vous aurez peu l’occasion de prendre la parole en loge dans les prochains mois, faites l’effort de regarder le symbole sous un autre angle, forcez-vous à rechercher une analogie différente du voisin, poussez votre réflexion jusqu’à obtenir un point de vue original et nous en débattrons en réunion d’apprentis très bientôt.

J’ai dit.

5 minutes de symbolisme « Le sacré et le secret »

V :. M :. et vous tous mes frères et sœurs en vos grades et qualité,

le sacré et le secret sont deux concepts intimement liés car ils partagent tous deux une idée de profond respect et une idée de protection.

Placés côte à côte, les deux mots, sacré et secret, montrent une assonance évidente. Ils n’ont pourtant pas du tout la même étymologie : sacré est issu tout droit de l’indo-européen « sak » qui signifiait déjà… sacré et secret trouve son origine dans la racine indo-européenne ker, qui a le sens de trier, séparer Ce n’est donc pas à travers l’étymologie que nous allons trouver un lien entre ces deux termes.

Nous sommes ici dans un temple alors essayons d’abord de définir ce qu’est le sacré.

De façon générale, le sacré se réfère à ce qui est mis à part, vénéré, ou considéré comme ayant une importance transcendante. Il peut être associé à des objets comme des œuvres d’art ou bien certains textes, des lieux comme une église ou un temple, des rites, des traditions, ou encore des idées qui dépassent le monde matériel et touchent au spirituel ou au religieux. Ce qui est sacré inspire respect, crainte, admiration. Ce qui est sacré est souvent entouré de rituels et de symboles qui renforcent son caractère inviolable. Il est fréquemment associé au mystère, car il touche à des réalités qui dépassent la compréhension humaine immédiate et ordinaire.

Dans ces lieux, le sacré est à rechercher dans notre rituel, dans notre méthode de travail, dans nos symboles. Il est surtout à rechercher dans ce que nous en faisons. Ce qui est sacré est le cheminement maçonnique qui opère au fond de nous. Le cheminement individuel mais aussi le cheminement collectif, au gré des évènements qui marquent notre loge. Le sacré est à rechercher dans le lien d’esprit, le lien fraternel, l’égrégore qui nous unit tous.

Et bien figurez-vous que tout cela constitue précisément notre secret. Je ne parle pas du secret d’appartenance ou du secret du rituel. Non, trop banal. Je veux parler bien sûr de ce que l’on ressent dans notre cœur et qui est le fameux secret que l’on dit incommunicable.

Secret… sacré… Ca y est ! ces deux mots deviennent subitement des synonymes. Nos secrets sont notre sacré. Ils sont réservés à ceux qui ont franchi certaines étapes d’initiation et qui sont dignes de les connaître. Ils représentent une forme de connaissance qui doit être méritée et acquise degré après degré, plutôt que d’être délivrée en bloc. La préservation de nos secrets demande à chaque frère ou sœur de la loge, chacun dans son grade, une certaine maîtrise de soi qui oblige au silence toutes les fois qu’il est inopportun de s’exprimer ou toutes les fois que notre interlocuteur n’est pas en mesure de recevoir une vérité nouvelle. Et inversement, les passages de grade permettent d’enseigner de nouveaux mystères aux frères et aux sœurs qui sont prêts à les recevoir.

De cette façon, les secrets se dévoilent petit à petit, en respectant le temps et le cheminement personnel de chacun.

Les secrets se dévoilent petit à petit… Dévoiler, secret… n’est-ce pas contradictoire ? Non ! Car si les secrets n’étaient jamais transmis, ils finiraient par être perdus, oubliés ou pire, remplacés par quelque-chose de bien plus pernicieux, sans même qu’on s’en rende compte. Il faut comprendre dans mon propos que, paradoxalement, le secret n’a une utilité qu’à partir du moment où il ne l’est plus tout à fait. Ainsi, la maîtrise du secret maçonnique suppose un équilibre entre, d’une part, la transmission du savoir, qui utilise le langage des symboles, et d’autre part, le silence, gardien du mystère.

Les francs-maçons ont coutumes de dire dans les médias qu’ils appartiennent davantage à une société discrète que secrète. C’est peut-être vrai lorsqu’on s’adresse aux profanes. Encore que… nous sommes indiscrets voire triviaux toutes les fois que notre communauté, par la voix de ses représentants, donne des leçons au reste du monde, en tout cas des leçons qui ne sont pas en lien direct avec nos fondements, avec nos mystères. Je ferme la parenthèse. Non, nous ne sommes pas une société discrète mais bien secrète, dans le sens que j’ai essayé de vous expliquer, dans le sens où notre travail repose sur l’étude des symboles et de leur langage, sur notre rituel et sur nos liens sacrés, et qu’il doit être le fruit d’une longue méditation sur nous-mêmes, dans l’introspection et le silence.

J’ai dit.

5 minutes de symbolisme « Laisser ses métaux à la porte du temple »

V :. M :. et vous tous mes frères et sœurs en vos grades et qualité,

je n’ai jamais aimé l’expression « il faut laisser ses métaux à la porte du temple » tout comme je n’ai jamais aimé les bigots. Car enfin, si pour être un bon maçon, il faut se débarrasser de ses préjugés, OK…mais c’est une platitude ! Certes, les métaux et les bijoux symboliquement nous alourdissent, ils sont le signe du mal, ils sont considérés comme moralement mauvais. Mais… si cette explication est vraie, elle me paraît un peu trop simpliste et un peu trop binaire.

D’autant que l’expression « il faut laisser ses métaux à la porte du temple » m’a toujours paru énigmatique : car chacun peut constater dans ce temple la présence de quantités de métaux : des glaives, des bijoux, des objets symboliques comme ce fil à plomb, des pièces de monnaie qui seront récoltées dans le tronc de la veuve et aussi des symboles comme le soleil et la lune, étroitement liés à l’or et à l’argent. Et qu’en est-il des plombages dentaires ?

Alors essayons d’y voir plus clair. Et pour comprendre quelque-chose, distinguons la cérémonie de l’initiation des autres tenues.

Commençons donc par l’initiation. Au tout début de la cérémonie – nous nous en souvenons tous – l’impétrant doit confier son portefeuille, son téléphone portable, ses clés, sa montre, ses bijoux, son argent, bref une partie de ses biens à un parfait inconnu. Ce tout premier geste est déjà une épreuve pour lui : c’est un premier acte de confiance – il y en aura d’autres après – un acte de confiance de la part du récipiendaire envers la communauté qu’il s’apprête à rejoindre.

Au moment de l’initiation, les métaux revêtent d’abord le symbole de tout le superflu de l’homme social et matérialiste. Ils représentent ensuite le désordre moral dans notre vie. Enfin, s’il veut entrer dans un monde authentiquement spirituel, l’homme doit, par définition, quitter la matière. Laisser ses métaux à la porte du temple permet de privilégier les richesses de l’esprit, juste avant de recevoir la lumière initiatique. Alors cultivons la chance que nous avons d’être initiés, cultivons la chance de devoir rechercher la sagesse qui au-delà des apparences, est la seule décoration invisible mais sacrée que l’on peut espérer revêtir un jour.

Mais quittons la cérémonie d’initiation proprement dite pour essayer de comprendre le sens plus général de « laisser ses métaux à la porte du temple ».

Symboliquement, l’expression signifie que les frères et les sœurs qui pénètrent dans le temple doivent se dévêtir de leur humanité profane, pour pratiquer une forme de purification rituélique, tout comme, chez les anciens ou dans certaines religions, les fidèles se lavent ou pratiquent le jeûne avant d’entrer dans l’enceinte sacrée. Dès lors, c’est bien avant chaque tenue qu’il y doit y avoir dépouillement des métaux, autrement dit, c’est avant chaque tenue que l’individu encore profane que nous sommes sur les parvis, doit se régénérer en un frère ou une sœur, prêt à acquérir de nouvelles vérités et poursuivre sa mutation individuelle.

Le parallèle avec l’alchimie devient évident : avec l’aide du forgeron Tubalcain, chacun de nous se transforme en initié tout comme le plomb se transforme en or, métal de lumière, le long des différentes phases du Grand Œuvre.

Bon. Tout cela est bien beau mais ces considérations ésotériques complexes et, je dois bien le dire, obscures ne nous renseignent pas sur la véritable origine de l’expression « il faut laisser ses métaux à la porte du temple ». D’où vient cet impératif : « il faut » ? C’est en effectuant quelques recherches supplémentaires que je suis arrivé à bout de cette expression : il suffit de revenir aux sources, celles qui racontent la construction du temple de Salomon, dans l’Ancien Testament, au premier livre des Rois, chapitre 6. C’est ici que l’on trouve la clé de l’énigme : il est écrit, je cite : « Lorsqu’on construisit le temple, on se servit de pierres toutes taillées. On n’entendit ni marteau, ni hache, ni aucun instrument en fer dans le temple pendant qu’on le construisait. » Et oui ! Le caractère sacré de l’édifice explique que sa construction eut quelque chose de très solennel par le silence religieux qui fut observé à ce moment. Les pierres avaient été façonnées dans la carrière, ou peut-être dans un endroit voisin de Jérusalem, de telle sorte qu’elles n’avaient plus qu’à être posées et assemblées sans le bruit ordinaire des instruments de travail.

Nous y sommes ! A l’origine, l’expression « Il faut laisser ses métaux à la porte du temple » signifie tout simplement « il faut faire silence pour construire le temple », que ce soit le temple de Salomon ou son temple intérieur.

V :. M :. et vous tous mes frères et sœurs en vos grades et qualité, je n’ai jamais aimé l’expression « il faut laisser ses métaux à la porte du temple » dans son sens courant. Trop prêchi-prêcha ! Mais après un peu de recherche, on peut découvrir toute la richesse qu’elle contient ! Et chacun y verra ce qu’il veut y voir : le symbole de la confiance, la promesse d’une vie spirituelle, le devoir de purification, la régénération quasi-alchimique du maçon, tenue après tenue. Pour ma part, je retiendrai la dernière proposition : la nécessité d’observer le silence si l’on veut être dignes de notre mission de Constructeurs !

J’ai dit.

Chapitre 7 : la France, fille aînée de la maçonnerie

Nouvelle histoire des Francs-maçons en France

Des origines à nos jours

Par Alain Bauer et Roger Dachez édition Tallandier 2018

Résumé

Chapitre 7 : la France, fille aînée de la maçonnerie 

En 1743, le Comte de Clermont, Prince de sang, fut élu grand maître. Ce qui est important, c’est que la franc-maçonnerie, institution d’origine protestante, née dans un pays de monarchies parlementaires, a réussi à s’adapter à la France catholique et absolutiste en plaçant à sa tête un abbé mondain et aristocrate de haut rang, mais cependant débonnaire et libéral.

Dans une France d’ancien régime la franc-maçonnerie, à l’image du pays, offrit pendant plus d’une trentaine d’années un visage morcelé, dispersé et souvent contradictoire. Elle exprimait surtout une grande réticence à l’égard de tout pouvoir central, notamment parisien, et où la notion même d’obédience au sens moderne du mot n’avait guère de sens ni de réalité

En 1744 et en 1745, ce sont souvent des rapports de police qui permirent de comprendre en quoi étaient faites les tenues et les loges, car ils fournissaient une sorte de saisissant reportage sur le décor et l’ambiance des loges. Il est probable que les autorités aient fini par se convaincre que si les francs-maçons ne faisaient pas de scandale et ne se montraient pas trop, rien de bien considérable ne pourrait leur être reproché. 

Cependant, c’est bien à cette époque, c’est-à-dire dans le courant des années 1740, que des pamphlets anti-maçonniques, de nature essentiellement anti-religieuse, ont été publiés. Le serment impénétrable des francs-maçons était une offense au droit du confesseur de tout connaître des turpitudes de ses fidèles. La dénonciation du dangereux mélange des confessions est aussi un fait majeur. Il suffira d’y ajouter le soupçon de complot contre les pouvoirs civils et légitimes, qui naîtra surtout dans la littérature post-révolutionnaire, pour que soit complété l’arsenal antimaçonnique qui servira en France et dans quelques autres pays de tradition catholique jusqu’au cours du 20ème siècle.

Alors que la police et les différents pamphlets divulguaient tous les mystères prétendus des francs-maçons pour les faire sombrer dans le ridicule, c’est tout le contraire qui s’est passé. Entre 1744 et 1747, de nombreuses divulgations majeures, imprimées et rééditées à diverses reprises pour certaines d’entre elles, firent leur apparition. Ces textes eurent un double effet. Ces divulgations servirent d’aide-mémoire aux francs-maçons. Et par un effet de retour, elles contribuèrent à stabiliser les usages maçonniques, quelle qu’ait pu être à l’origine leur exactitude et leur véracité.

Les premiers francs-maçons ont dû faire preuve de résistance et d’énergie pour s’opposer aux opérations de police et aux foudres de l’Église, mais c’est bien cette culture maçonnique dans cette France du début du règne de Louis XV qui parvenait à un tournant de son histoire politique et morale, qui a sans doute répondu à un puissant besoin de différentes classes de la société. Ce puissant besoin se matérialisait dans l’ordre de la pensée comme dans celui de la simple sociabilité renouvelée et enrichie par les cérémonies d’éloges et plus encore par la convivialité des banquets maçonniques.

Le banquet maçonnique, à l’instar de la loge dont il procède et qui le justifie, fut sans doute l’un des premiers lieux dans la France de l’ancien régime où une sociabilité vraiment nouvelle put s’établir entre des hommes appartenant à tous les ordres de la société, sinon à toutes les couches socio-économiques

Le développement des loges s’est appuyé aussi, et dans une large mesure, sur les loges régimentaires qui ont permis la création rapide de nombreuses autres loges sur l’ensemble du territoire. Il apparaît que la première motivation des militaires francs-maçons fut probablement l’ennui. Se déplaçant de ville en ville, celles-ci ont essaimé de nouvelles loges, et en quittant leurs garnisons les maçons non militaires continuèrent l’œuvre maçonnique.  À la veille de la révolution, le Grand Orient de France comptait environ 690 loges, dont près de 70 au sein des régiments. 

C’est aussi à cette période qu’apparaissent ce qu’on appellera plus tard les hauts grades, qui prirent la qualification de grade écossais, particulièrement en France.

En 1760, on assiste à une véritable sécession d’une bonne partie des maîtres de loges parisiennes avec la création d’une grande loge autonome. La querelle portait finalement sur une lutte de pouvoir.

Pendant deux ans, deux grandes loges vont vivre côte à côte. Pendant cette période de deux ans, environ 85 nouvelles loges verront le jour, mais surtout plus d’une trentaine naîtront de leur propre chef sans se rallier à l’une ou l’autre des grandes loges parisiennes. En 1762 les tractations entre les deux grandes loges allèrent bon train. Une fois cette harmonie, entre guillemets, théoriquement retrouvée, au moins en façade, furent adoptés en avril 1763 les statuts et règlements de la Grande Loge de France et de toutes les loges particulières répandues dans le royaume 

La Grande Loge réunifiée poursuivit ses travaux sans encombre jusqu’en 1765. C’est au cours de cette période, probablement, qu’un premier rituel fut imprimé, appelé le Corps complet de la maçonnerie, adopté par la Grande Loge de France.

Enfin terminons par les loges d’adoption. En effet. La franc-maçonnerie a toujours été avant tout une affaire d’hommes, comme il est rappelé dans les constitutions de 1723.

La franc-maçonnerie française trouva finalement une parade par la création de la maçonnerie d’adoption ou maçonnerie des dames. Elle était distincte de la maçonnerie masculine par ses rituels, ses emblèmes et ses décors mais était fondée sur les mêmes principes.

Vidéo / 1725 -2025, Trois siècles de Franc-Maçonnerie en France

Vous vous posez des questions sur l’origine et l’implantation de la franc-maçonnerie en France ? La réponse dans notre documentaire : « 1725 -2025, Trois siècles de Franc-Maçonnerie en France ». Pour y voir plus clair sur la plus ancienne et la plus importante obédience qu’est le Grand Orient de France.

Interviews : Nicolas Penin, Grand Maître du Grand Orient de France et Président du musée de la Franc-Maçonnerie, Lucie Masse, Chargée des publics et de la médiation, Laurent Segalini, Conservateur du musée, Pierre Mollier, Directeur de la bibliothèque et des archives du GODF, ancien conservateur du musée.

Planche / Le polissage de ma pierre

Pour ma seconde planche au grade de compagnon, j’ai choisi de travailler sur le symbole de la Pierre. Et oui mes frères une énième planche sur la Pierre…. Mais vous conviendrez et m’accorderait que le choix de ce symbole est bien la quintessence de notre chemin initiatique. En effet, la symbolique très forte, qui nous vient comme vous le savez le de la maçonnerie opérative, celle des constructeurs de cathédrales. Pour une maçonnerie spéculative, celle de la construction de notre temple intérieur et celle du temple universel. La transformation de soi a été pour ma part une des raisons majeures de mon entrée dans notre ordre. Je suppose que c’est le cas pour nombre d’entre vous.

Cette mutation est celle qui me permet aujourd’hui de voir sous un prisme différent le monde tel qui nous est offert, au regard de celui qui me semble plus juste.

C’est par l’invitation à l’introspection de VITRIOL et en suivant l’injonction de Socrate qui drapé dans sa toge nous dit « connais-toi toi-même » que j’ai commencé le travail sur ma pierre brute. Conscientisant ainsi ce que je pense être et ce que je pense vouloir devenir.

C’est armé de mes outils et des symboles appris en loge que j’ai dégrossi ma pierre. Le maillet et le ciseau en a dégagé les arêtes. Le compas lui, a délimité l’ardeurs de mes coups. L’équerre, elle a su donner de la droiture dans mes actions. Mais c’est aux confins du pavé mosaïque, et dans chacun de ses interstices, que mon interprétation et la négociation des forces opposées ont véritablement favorisé mon évolution.

Le travail initiatique sur ma Pierre a eu un éclairage sur mes valeurs, mes idées reçues et mes questionnements, qui jusqu’alors étaient aux contours flous, incertains voir superficiels.

Ce sont ces valeurs que je veux partager ce soir avec vous…

Car polir ma Pierre

C’est d’avoir porté une réflexion sur la conception de la libre pensée c’est-à-dire le droit pour chaque individu de penser par lui-même en rejetant toute forme d’autorité imposée, que ce soit en matière d’idées ou de croyances et notamment religieuses. 

Cette liberté de pensée qui repose sur les 3 piliers, que sont la liberté de conscience, la pensée critique ainsi que le rejet des dogmes, nous ouvre à une méthode de questionnements et de recherche de vérité.

Et justement polir ma Pierre

C’est aussi la quête infinie de la recherche de vérité.

Elle est le moteur fondamental de toute investigation philosophique et scientifique. C’est elle qui permet la confrontation des idées et l’émergence d’une compréhension plus juste de la réalité. 

Elle cultive inlassablement notre curiosité et notre remise en question. 

Principe émancipateur, elle nous a affranchis de la chaîne de l’ignorance et des préjugés. 

C’est en s’efforçant de distinguer le vrai du faux qu’on se libère des illusions qui nous maintiennent dans un état de soumission intellectuelle et sociale.

Lorsque la vérité est recherchée avec rigueur et esprit critique, elle permet de lutter contre les systèmes de pensées oppressifs et ainsi de révéler les injustices. Elle nous ouvre la voie de l’autonomie et à l’action éclairée.

Mais comme nous le savons, la vérité n’existe pas en tant que telle. Elle est bien évidemment relative et ce pour de multiples raisons : elle dépend des divers points de vue, des diverses normes morales selon les sociétés et les cultures, ainsi que de notre perception limitée qui influence nos jugements.

Cette vérité recherchée devient alors une quête sans fin, et notre soif de compréhension nous pousse finalement à chercher éternellement des réponses.

Polir ma Pierre

C’est aussi de savoir accorder « le juste et le bien » 

Une chose est juste quand elle se réfère principalement à la conformité, à la loi et aux règles établies dans une société. Le juste vise l’équité de façon impartiale.

En revanche, une chose est bonne quand elles se réfèrent plutôt à la morale et à l’éthique. Elle concerne ce qui est considéré comme bon et conforme à certaines valeurs comme la compersion, l’empathie, la bienveillance et la dignité humaine.

La rivalité entre le juste légal et le bien moral est présente dans de nombreux débats de société. De fait, une loi peut être perçue comme injuste si elle va à l’encontre des valeurs morales et inversement une action motivée par une bonne intention peut enfreindre la loi et être donc considérée comme injuste pour le système judiciaire. 

Le juste et le bien ne sont pas opposés, ils doivent cohabiter dans un équilibre dynamique en vue d’une société meilleure et réellement humaine.

Polir ma Pierre

C’est travailler sur la tolérance, sujet peu débattu en loge…

Comment une société peut-elle se prétendre libre sans un minimum de tolérance

Etant acquise l’expression : La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. Comment définir le seuil où démarre l’intolérance ?

Être tolérant c’est chercher le point d’équilibre, c’est trouver le point d’achoppement qui permet d’éviter toute tension. Elle ouvre le dialogue.

 La tolérance c’est accepter l’autre, accepter ses différences, sa culture. C’est combattre sans concession les idées nauséeuses comme la xénophobie, l’homophobie et autres idéologies de la haine.

C’est cesser de vouloir modeler l’autre à son image. 

La tolérance nous invite à déconstruire nos propres certitudes, elle ouvre la voie vers une humanité plus riche et plus épanouie. 

Elle est une construction progressiste, un véritable pacte entre les hommes pour l’harmonie et la raison. 

Polir ma pierre 

C’est d’avoir méditer sur le « doute » lors d’un chantier d’apprenti avec mon 2eme surveillant.

Celui qui encourage notre humilité, qui nous rappelle que nous ne savons pas tout et que notre point de vue peut-être soit biaisé ou soit incomplet. 

Celui qui nous oblige à être à l’écoute de l’autre et à nous remettre en question. 

Celui qui nous invite à une déconstruction positive pour mieux reconstruire.

Mais le doute est loin d’être un frein, il est en fait une des clés de la sagesse. Il éclaire le jugement, protège la liberté et favorise le progrès. C’est dans le doute réfléchi et non dans la certitude arrogante que se trouve souvent la véritable intelligence humaine.

Mais le ferment de tout cela, c’est la fraternité au sein de notre loge. Elle a tapissé mon temple. 

Une fraternité palpable qu’on trouve nulle part ailleurs. Sans laquelle ni mon courage, ni ma persévérance n’auraient pu aboutir. Elle est le catalyseur de ma progression.

Alors, quoi faire des fragments, et quels sont les résidus de ma Pierre taillée  ?

Et bien ils sont l’orgueil, la peur, la haine, la colère, l’incompréhension et le paraître. Ils représentent l’obstacle, une masse opaque imperméable à la lumière qui nous empêche de voir et de comprendre, donc de nous intégrer de manière harmonieuse à la société.

Ma Pierre aux aspérités encore irrégulières me place sur le chemin de la raison universelle

Pour autant, de ma Pierre ôtée ses fragments, subsiste le moi profond. C’est celui-ci qui maintenant est dirigé par une nouvelle conscience. Plus élargie, plus éclairée et plus lucide.

Ainsi, ma Pierre aussi imparfaite soit-elle, débarrassée de ses éclats, peut résister à l’épreuve du feu, de l’eau, de la terre et du vent, elle ne peut ni glisser ni rouler.

Je peux y voir dans ses 6 faces la dimension de notre être.

  • Le physique, qu’est la matérialité de notre existence
  • L’émotionnel, que sont nos sentiments et nos ressentis
  • L’intellectuel, à savoir notre aptitude à raisonner et à comprendre
  • Le spirituel, notre quête de sens et de transcendance
  • Le social, qui est notre relation avec les autres et notre place dans le monde.
  • Et le moral, c’est à dire nos principes éthiques et notre conscience.

Je peux également évoquer ses 6 faces, comme les 6 directions de l’espace : l’est, l’ouest, le nord, le sud, le Zénith et le Nadir, qui nous rappelle l’omniprésence du grand architecte.

C’est depuis mon temple partiellement édifié et fort de mon propre cheminement intérieur que j’aspire à partager les clés qui m’ont permis de trouver plus de sens dans notre monde. Un monde souvent chaotique, marqué par une société à moitié délitée, une économie sous perfusion et un individualisme croissant.

 L’heure n’est donc pas au repos…

Qu’il n’en déplaise aux éternels optimistes, c’est le verre à moitié vide qui guidera ma pensée et mes actions. 

Oui, c’est bien le verre vide qui nous rend attentif aux problèmes et aux menaces. C’est lui qui nous aide à reconnaître ce qu’il manque.

Il nous aide à rehausser la valeur de ce que nous possédons, c’est un peu comme apprécier la lumière après avoir connu l’obscurité. 

Et plus que jamais, le monde dans lequel nous vivons a besoin d’individus plus ou moins éclairés et éclairant. 

L’heure n’est vraiment pas au repos.

Je terminerai ma planche par une citation d’Albert SCHWEITZER un médecin, prix Nobel de la paix et Alsacien, comme ma grand-mère…

Il dit :

Le véritable progrès de l’homme réside dans ce qu’il exige de lui-même, bien plus que dans ce qu’il exige des autres.

J’ai dit V.M

Participez au grand rassemblement en hommage aux Martyrs de la Commune de Paris, pour la République et la Laïcité le 1er mai 2025

Rassemblement en hommage aux Martyrs en hommage aux Martyrs de la Commune de Paris, de la Commune de Paris, pour la République et la Laïcité, le jeudi 1er mai 2025 à 10h RDV 9h30 à l’entrée principale sud du cimetière du Père-Lachaise.

Bannières, sautoirs et cordons sont les bienvenus. Entrée par le boulevard de Ménilmontant (entrée Porte Principale) (Métro le plus proche : Philippe Auguste, ligne 2, bus 61, 69, 71 – arrêt Roquette – Père-Lachaise).

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