Chapitre 3 : le mythe opératif

Nouvelle histoire des Francs-maçons en France

Des origines à nos jours

Par Alain Bauer et Roger Dachez édition Tallandier 2018

Chapitre 3 : le mythe opératif

Une abondante littérature nous permet aujourd’hui de connaître assez bien l’organisation des chantiers médiévaux. Lieu mythique ou sont nés et auxquels se réfèrent toutes les légendes, mais aussi nombre de symboles et de termes utilisés dans la franc-maçonnerie.

La maçonnerie opérative des bâtisseurs de cathédrale est ainsi devenue le modèle idéal de la franc-maçonnerie. Il y a cependant loin d’une certaine imagerie naïve à la réalité très complexe et variée que constitue l’historiographie.

Il faut d’abord renoncer à l’idée trop simple qu’il aurait existé à travers toute l’Europe un type unique d’organisation des chantiers et des métiers du bâtiment. On verra en en Allemagne se développer un système de loge attestée dès la fin du 14e siècle. De même, la France a connu à cette époque de nombreux chantiers. Mais une autre confusion menace celle qui ferait des corporations les précurseurs ou les incubateurs des loges.

Il y avait des corporations. Au sein desquels on ne pratiquait aucune initiation rituelle. Et des loges de chantier qui n’en dépendaient aucunement. Car elle ne relevait pas de l’autorité des institutions municipales comme les guildes et dont les usages rituels éventuels ne nous sont pas parvenus. On ne pas peut pas parler comme l’ont fait certains auteurs des origines corporatives de la franc-maçonnerie. C’est un abus qui traduit une grave méconnaissance des réalités historiques désignées par ces mots.

Un point demeure capital, c’est néanmoins en Angleterre puis en Écosse que c’est opéré la transformation spéculative de la franc-maçonnerie et nulle part ailleurs. C’est à la maçonnerie opérative britannique qu’il faut s’intéresser, et à elle seule, à ses particularités, à ses tribulations historiques, aux circonstances très spécifiques qui ont localement pesé sur son évolution. Depuis le milieu du dix-neuvième siècle, on a redécouvert des textes aujourd’hui au nombre de 130 environ, que l’on regroupe sous le titre générique d’anciens devoirs. Les renseignements qui nous livrent sur les coutumes des chantiers de cette époque sont à la fois substantiels et profondément originaux. Ils méritent toute notre attention puisque c’est à partir de cette tradition anglaise du métier que la franc maçonnerie vient plus tard bâtir sa propre légende dorée.

La plupart des règles dans ces manuscrits sont de nature purement professionnelle et énoncent des principes assez proches de ceux des corporations françaises ou des  loges allemandes. L’autre originalité des anciens devoirs, c’est qu’ils nous décrivent une sorte de cérémonie qui consiste essentiellement en un serment, précédé d’une lecture, sans doute à la fois des devoirs eux-mêmes et de l’histoire du métier en quelque sorte. Une instruction et une légende. Presque l’ébauche d’un rituel il faut ici noter qu’il n’est question ni de poignée de main, ni de signes, ni de mots que les massons posséderaient pour se reconnaître.

Le mot franc-maçon lui-même est un saisissant exemple des confusions que l’usage inconsidéré de certains termes peut engendrer. Il vient de l’anglais freemason et à l’époque opérative, il désignait l’une des variétés d’ouvriers qui travaillaient sur les chantiers une sorte de pierre. Cette pierre, c’était la freestone ou pierre franche et pour cette raison ces maçons se nommaient précisément les freestone masons ce qui devient en français, les maçons de franches pierres. Par contraction, Freestone Mason a donné Free Mason. Ils n’étaient donc que certains acteurs du chantier. Leurs tâches étaient évidemment plus difficiles et donc mieux payées. Ils formaient donc une petite aristocratie du métier. Mais dans une classe d’ouvriers parmi beaucoup d’autres.

Le mot loge s’offre aussi à une semblable revisitation. La loge n’était avant tout sur un chantier anglais du Moyen Âge qu’une de ses nombreuses bâtisses provisoires, édifices de bois, parfois à claire-voie à toit en pente, où les ouvriers pouvaient y travailler quand le soleil frappait trop fort ou quand il pleuvait et c’était aussi un abri pour se restaurer et se reposer pendant les quelques pauses de la journée. C’est là aussi que l’on préparait avec les plus jeunes, les apprentis, le travail du lendemain et que se transmettaient les tours de main et les insultes, les astuces d’exécution, ce qu’on appelle donc les secrets du métier. Il faut aussi souligner que cette loge était loin de ne rassembler que des francs-maçons. On y trouvait aussi des autres ouvriers, des manœuvres. Sans oublier tous les autres métiers sans lesquels le chantier n’aurait jamais pu vivre ni l’œuvre certifiée.

Au début du 16ème siècle en Angleterre, à la suite de l’arrivée du protestantisme, les chantiers des cathédrales s’arrêtent contrairement à l’écosse qui va réglementer le fonctionnement du métier de maçon préfigurant le passage vers les loges spéculatives. C’est la réforme de William Schaw. Par exemple il y a des cérémonies symboliques et un apprenti doit attendre 7 ans avant de devenir compagnon du métier. Il recevait alors le mot du maçon.  On révèle ce mot, comme un secret, à ceux les plus qualifiés. En même temps les loges écossaises qui ne se réunissaient que deux ou trois fois dans l’année, prirent l’habitude de recevoir des notables assez brillants socialement et généreux dans leurs dons à la loge mais très minoritaires dans les effectifs. C’est donc de l’Ecosse que débuta cette maçonnerie spéculative qui va prospérer en Angleterre progressivement de la fin du 17ème siècle et tout au long du 18ème.  

Quoi faire pour la journée nationale de la Laïcité du 9 décembre 2024 ?

La laïcité, un principe inscrit dans la Constitution

La laïcité affirme le droit d’avoir ou de ne pas avoir de religion, d’en changer ou de ne plus en avoir.

Elle garantit le libre exercice des cultes et la liberté de religion, mais aussi la liberté vis-à-vis de la religion : nul ne peut être contraint au respect de dogmes ou prescriptions religieuses.

Ce principe est inscrit dans l’article premier de notre Constitution :

La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Article Ier de la Constitution française

Site de référence sur la Laïcité

La laïcité célébrée à l’école

Dans les établissements scolaires, cet anniversaire est marqué, depuis 2015, par des actions éducatives : organisation de débats, de conférences, d’activités pédagogiques autour du principe de laïcité.

La loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République, institutionnalise cette journée au sein de l’ensemble de la fonction publique.

Ainsi désormais, dans chaque administration, collectivité territoriale ou établissement public, un référent laïcité est désigné et chargé d’informer et d’accompagner les agents et d’organiser le 9 décembre la journée nationale de la diversité.

Réaffirmer les valeurs de la République

La journée du 9 décembre est aussi marquée par la remise du prix de la laïcité de la République française, avec une enveloppe de 50 000 euros destinée aux projets sélectionnés par le Comité interministériel de la laïcité.

Le secrétariat de ce comité, installé en juillet 2021 pour succéder à l’Observatoire de la laïcité, répertorie toutes les initiatives locales et nationales qui mettent en valeur le principe de la laïcité.

Par ailleurs, le 9 novembre 2022, le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a publié une circulaire relative à la mise en place d’un plan laïcité afin de renforcer l’accompagnement des enseignants et des chefs d’établissements pour faire face aux atteintes à la laïcité dans le milieu scolaire.

Le site de référence sur la laïcité

Bal de la laïcité du Collectif Laïque National le dimanche 8 décembre 2024

2 tables rondes :
– Urgence pour l’école républicaine
– Femmes, sport et laïcité

Grand bal de la laïcité animé par l’orchestre Flashback 80

Toutes les informations sur le Bal de la Laïcité du 8 décembre 2024

Conférence publique « 120 ans de laïcité, 120 ans de liberté » le lundi 9 décembre

Conférence publique dans le cadre de l’anniversaire de la Loi de 1905, en présence de Nicolas PENIN, Grand Maître du Grand Orient de France et d’une délégation du Conseil de l’Ordre.

Toutes les informations sur cette conférence du 9 décembre 2024

Divers aspects de la pensée contemporaine avec Gilles Kepel et son dernier livre « Le Bouleversement du monde » aux Edictions Plon

Dans cette émission exceptionnelle, l’arabisant Gilles Kepel revient sur la césure et la rupture fondamentales qui sont introduites dans l’histoire d’Israël, mais plus largement dans les relations internationales, par la commission du pogrom du 7 octobre. Présentant son livre, Le bouleversement du monde (Plon), Kepel explique que cet événement majeur a rebattu – et continue de rebattre – les cartes au Moyen-Orient, entre, d’un côté, des pays arabes sunnites, qui ne soutiennent pas la guerre contre Israël et, de l’autre, des groupes terroristes, plus ou moins manipulés et armés par l’Iran, qui poursuivent l’objectif de sa destruction. À l’heure de son enregistrement et compte tenu de la riposte israélienne annoncée, Gilles Kepel prévoyait un affaiblissement supplémentaire du régime des mollahs, tout en s’interrogeant sur la stratégie discutable de la guerre illimitée mise en œuvre par Benyamin Netanyahou.

Ecoutez l’interview de Gilles Kepel

7 octobre : Gilles Kepel décrypte « le bouleversement du monde » – C à Vous – 24/09/2024

Planche Chapitre 2 : le mythe rosicrucien

Nouvelle histoire des Francs-maçons en France

Des origines à nos jours

Par Alain Bauer et Roger Dachez édition Tallandier 2018

Résumé

Chapitre 2 : le mythe rosicrucien

Ce mythe que l’on pourrait aussi appeler hermétiste ou alchimiste existe bien mais même s’il n’a pas de fondement réel, il n’est pas sans signification.

Ce mythe est apparu en Allemagne à partir de 3 textes publiés au début du 17ème siècle (1614).

Dans ces textes il est affirmé l’existence à travers toute l’Europe d’une fraternité qui s’adressait à tous les hommes de science et à tous ceux qui appelaient de leurs vœux une nouvelle réforme.

Les écrits des frères dits de la Rose-Croix annonçaient que leur philosophie était le fondement et la substance de toutes les facultés, de toutes les sciences, de tous les arts. Évidemment, un dessin si élevé annonçait la venue d’un temps fondamentalement nouveau. Dans un autre texte vers 1619, était mis en scène une cité improbable où les chrétiens authentiques appliquaient les vrais principes de l’Évangile dans l’amour et la Concorde.

La première certitude que nous avons aujourd’hui c’est qu’il n’exista jamais de fraternité de la Rose-Croix. C’était avant tout une fiction littéraire écrite par un certain Johan Valentin Andreae, qui en avait fait une sorte de supercherie, une sorte de plaisanterie. Ce n’est qu’à la fin du 17e siècle que l’on découvrit, dans son autobiographie posthume, que l’auteur expliquait la supercherie qu’il avait mise en place. En fait l’auteur appartenait à un cercle de jeunes intellectuels de Tübingen qui se désolait de la déchirure de la réforme et des violences vécues alors par les peuples d’Europe au nom des lois évangéliques. Il prônait une ouverture du protestantisme qui lui aussi tendait à se refermer sur des positions figées et intolérantes. 

Et dans ces mêmes cercles estudiantins certains s’intéressaient au courant hermétiste qui connaissait alors un certain succès en Europe et qui souhaitait au sein de la réforme redonner des tendances mystiques que le Luthéranisme officiel avait combattu très durement.

Ce mouvement se développa donc surtout en Allemagne et eu une certaine influence en Grande-Bretagne. En revanche, la France fut peu touchée par ce mouvement en dehors de quelques remous soulevés par l’affaire dit des placards affichés dans Paris en juillet 1623 dans lequel on retrouve certains éléments de cette doctrine. On pense aujourd’hui qu’il s’agissait probablement d’un autre canular, dû cette fois-ci à des étudiants en médecine.

Cependant les idées propagées à cette époque sous la forme donc de thème Rosicrucien apparaissent dans certains livres. On ne peut manquer de voir dans l’œuvre du philosophe Francis Bacon, ‘’la nouvelle Atlantide’’, publiée en 1627, une utopie rosicrucienne typique. Puisque dans son livre il y est décrit un peuple ayant édifié une société inconnue du reste du monde, où les hommes vivent la pratique évangélique de l’amour fraternel.

Cette œuvre eut un retentissement important dans divers milieux intellectuels. En Angleterre il fut considéré à l’époque purement et simplement comme un manifeste rosicrucien. Évidemment, ce mouvement intellectuel n’épargna pas non plus la petite et lointaine Écosse. Dans la première moitié du 18e siècle, l’expression rose-croix avait donc fait son chemin et elle était devenue une appellation rigoureusement non protégée. Elle servait à désigner à peu près tout ce qui relevait de l’occulte, du mystérieux, depuis les superstitions populaires, en passant par la magie, les arts divinatoires et bien sûr l’alchimie. Les cercles rosicruciens proprement dits en fréquent compagnonnage avec la franc-maçonnerie, mais bien distincte d’elle, ce sont structurés en plusieurs temps au cours du 18ème siècle et on trouve vers 1757, l’existence de petits groupes organisés et entre 1777 et 1786, un ordre véritable va apparaître sous le nom d’ordre de la Rose-Croix d’or d’anciens systèmes. Les rituels nous sont en partie parvenus et ont été étudiés. Ils ont condensé tout ce qui a trait à l’hermétisme et à la kabbale en adoptant la révélation chrétienne comme fil conducteur. Cette société prospéra surtout en Allemagne et en Europe du Nord avec peut-être jusqu’à 1000 adeptes mais ne vécut pas au-delà de 1785.

Parmi ces rose-Croix d’or, on comptait d’assez nombreux francs-maçons aux appartenances multiples. Mais les rapports de la Rose-Croix avec la maçonnerie sont donc moins de l’ordre de la filiation ou de l’héritage que de celui de la construction d’un imaginaire. 

Pour être clair il n’est guère possible aujourd’hui de soutenir que la Rose-Croix a été à l’origine de la maçonnerie spéculative. Il apparaît néanmoins que certains milieux maçonniques reprirent parfois le thème de la Rose-Croix notamment par exemple on peut évoquer le grade de souverain Prince ou Chevalier de Rose-Croix qui pendant longtemps a été tenu pour le Nec-Plus-Ultra de la maçonnerie française.

En conclusion, il a pu apparaître que le message des frères de la Rose-Croix pouvait répondre à cette attente diffuse de l’esprit évangélique. Et que d’aucuns, un peu partout en Europe, se reconnurent dans cet appel. Et cela laisse place évidemment au mythe qui vit encore.

Le fil à plomb

« Toute conduite doit être conforme au fil à plomb. ». Cette courte citation date de plus de trois  millénaires. Elle a été écrite dans un recueil de maximes par Ptahhotep, vizir et philosophe égyptien,  qui a vécu autour de 2400 avant J.-C.  

Dans l’art des bâtisseurs, le fil à plomb sert à vérifier la verticalité d’une construction. Il se révèle être  l’instrument le plus simple du maçon : formé d’une masse suspendue à un fil, il pointe vers le bas et,  grâce à la loi de la gravité, il nous montre sans ambiguïté le centre de la Terre.  

Métaphoriquement, il nous invite à plonger au cœur de nous-mêmes, à faire notre introspection en  profondeur. Le fil à plomb est le prolongement direct de la formule VITRIOL « Visite l’intérieur de la  terre et en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée », affichée dans le cabinet de réflexion. Le fil à plomb montre la voie qui mène à la conscience, à la compréhension, à la connaissance. Mais  attention : comme tout symbole, il ne fait que montrer la voie. Démocrite, considéré par certains  comme étant le père de la science moderne, écrivait : « En réalité, nous ne savons rien, car la vérité  est au fond du puits ». Par cette formule, il nous demande de cultiver notre sens critique car la ligne  verticale du fil à plomb, du zénith au nadir, du ciel jusqu’au fond du puits, symbolise certes la rigueur,  mais aussi le doute indispensable à tout franc-maçon qui entreprend de rechercher la vérité. La  vérité est-elle au fond du puits encore trouble ? Peut-être. Mais elle est plus certainement au fond  du maçon lui-même.  

Rechercher la vérité… Tiens tiens… Ça me dit quelque-chose.  

Alors poursuivons. Le fil à plomb possède un autre sens symbolique : par son indéfectible verticalité,  il ne dévie jamais ; il ne ment jamais car les lois de la physique sont têtues. Jamais le fil ne prendra un  autre chemin que celui du centre de la Terre. La direction qu’il montre nous invite  métaphoriquement à sonder la rectitude qui réside en nous, à interroger notre volonté, à cultiver  une forme de perfection. Elle nous pousse à réfléchir à une éthique exigeante, à rechercher une  élévation morale qui ne peut s’opérer que dans l’écoute, la solitude et le silence.  

Recherche de la vérité, étude de la morale… Ça y est ! Vous me voyez venir avec mes gros sabots…  

Et bien poussons le bouchon un peu plus loin en observant le symbole du 1er surveillant, celui qui est brodé sur le sautoir de notre cher F. Est-ce aussi un fil à plomb ? Presque ! Vu de loin, ça y  ressemble. Mais non, c’est un niveau, et plus précisément un niveau égyptien. C’est un assemblage  de segments en forme d’A majuscule, du sommet duquel est suspendu un fil à plomb. Si ce dernier  croise la barre du A en son centre, alors l’horizontalité de la construction est vérifiée. Conçu ainsi, le  niveau est une forme plus élaborée du fil à plomb. Il en est son prolongement logique tout comme le  grade de compagnon est le prolongement logique du grade d’apprenti. Mais le niveau est bien plus  que cela : il symbolise aussi l’égalité entre nous tous, l’égalité entre tous les frères et sœurs,  apprentis, compagnons ou maîtres de cette loge ; il symbolise la fraternité qui nous lie.  

Ainsi, à travers cette courte et modeste interprétation toute personnelle, les trois objectifs  fondamentaux de notre ordre s’avèrent symboliquement réunis dans cet outil simplissime, formé  uniquement d’une petite masse reliée à un fil. Car après la recherche de la vérité et l’étude de la  morale, la solidarité et la fraternité ne sont pas étrangères non plus à l’allégorie du fil à plomb. Cela en dit long sur les possibilités quasi-infinies de la signification des symboles qu’il me sera donné à explorer désormais au début de chaque tenue.  

Mais ne bavardons pas inutilement : le fil à plomb n’est pas le seul outil à contenir toute la  symbolique de la pensée et de l’action des maçons, qu’ils soient opératifs ou spéculatifs !  

Car sinon, je puis vous assurer que l’architecte de la tour de Pise aurait sérieusement revu son  projet !  

J’ai dit.

Planche Chapitre 1 : le mythe templier.

Nouvelle histoire des Francs-maçons en France

Des origines à nos jours

Par Alain Bauer et Roger Dachez édition Tallandier 2018

Résumé

Chapitre 1 : le mythe templier.

Une certaine littérature friande de sensationnel et de révélation mystérieuse, nous a habitué à établir une relation étroite entre la franc-maçonnerie et l’ordre du temple. 

Celui-ci fut aboli en 1312 sous les coups conjugués du roi de France Philippe Lebel et du Pape Clément 5. L’idée que cet ordre aurait persisté secrètement en donnant naissance à la franc-maçonnerie semble s’être formé dans le premier tiers du 18ème siècle. Mais elle s’est constituée en 2 temps.

Dans un premier temps, il a été affirmé l’innocence de l’ordre martyr. C’est une opinion généralement propagée dès le milieu du 17e siècle. Elle est surtout transmise dans des ouvrages qui eurent un grand renom et qui décrivent les ordres de chevalerie dont beaucoup sont légendaires. Mais avec de nombreuses illustrations des costumes, des uniformes, des croix, des décorations, l’impact de cette littérature sur le public fut grand. On ne peut douter aujourd’hui qu’elle est fortement influencée et suscitée l’introduction du thème chevaleresque dans l’imaginaire maçonnique qui se structure à la même époque. Il y eut sans doute dès les années 1730, une chevalerie spéculative s’inspirant de l’idéal présumé. De l’ancienne chevalerie opérative il est du reste établi que le rituel, la vêture et les décors de certains grades maçonniques et chevaleresques, qui verront le jour dans les décennies suivantes, furent directement copiés sur les documents publiés dans ces ouvrages. En parallèle beaucoup eurent la conviction qu’un enseignement secret et ésotérique était dispensé aux Templiers. 

Lors de la condamnation du temple, ces biens furent pour l’essentiel dévolu à l’ordre hospitalier de Saint Jean. Et les Templiers eux-mêmes furent traités le plus souvent avec modération. Certains restèrent sur place dans l’ancienne commanderie nouvellement affectée à l’hôpital à l’endroit même où ils avaient vécu le plus clair de leur vie. Quant à ce prétendu secret des Templiers, l’origine des rumeurs est assez facile à trouver. On sait, en effet, que lors du procès des Templiers, on fit grand cas des pratiques impudiques et sacrilèges que les Templiers auraient imposé à ceux qui les liaient à l’ordre. Il est à peu près certain que ces usages furent assez souvent observés. Des Templiers eux-mêmes ont expliqué qu’il s’agissait de mise à l’épreuve délibérée de rites choquants destinés à évoquer dans la conscience du nouveau templier les rudes combats et les engagements extrêmes auxquels ils seraient confrontés dans leurs luttes sans merci contre les infidèles. Au reste il était fréquent que, devant le refus voire la réticence habituelle des novices, on se contenta d’un simulacre. À part un bizutage un peu rude, rien du moins qui atteste d’une supposée doctrine secrète du temple.

Une seconde étape a été franchie lorsque le thème de la chevalerie fit irruption dans la franc-maçonnerie. En effet, dès 1723, une mention furtive indique dans les constitutions publiées par James Anderson cette origine. Cette thèse, évidemment, est de toute façon hautement fantaisiste notamment quand le pasteur Anderson écrit que la plupart des grands hommes étaient maçons, ce qui, historiquement n’avait à l’époque, et même maintenant, proprement aucun sens. C’est en France vers le milieu de la décennie 1730 que les choses semblent se préciser. L’homme qui va le premier établir dans un texte promis à un grand destin, un lien entre la chevalerie et la franc-maçonnerie est André-Michel de Ramsay. Il fit à la fin de l’année 1736 un discours qui fut largement connu, diffusé, lu et relu. Au point qu’il fut un peu comme la déclaration de principe et le programme intellectuel d’une très grande partie de la maçonnerie française au 18e siècle.

Dans ce récit on en tire 3 enseignements. Le premier c’est que Ramsey récuse clairement toute origine ouvrière et corporative de la maçonnerie. En deuxième lieu, il renonce à toute mythologie biblique. Enfin il est dit très clairement que la franc-maçonnerie serait le résultat de l’union avec un ordre de chevalerie, en l’occurrence, celui de Saint-Jean-De-Jérusalem, c’est-à-dire des hospitaliers. La thèse qu’il propose s’impose immédiatement et formera dès cette époque précisément la trame, par exemple, du premier grade chevaleresque dans l’histoire maçonnique. Le thème de la chevalerie était dans l’air du temps avant que de pénétrer dans celui des loges. Ce n’est qu’une fois ce premier pas franchi, qu’une douzaine d’années après le discours de Ramsay qu’apparaît enfin le plus ancien rituel maçonnique faisant état d’une origine exclusivement templière de la franc-maçonnerie. C’est dans un rituel appelé le rituel de Quimper, découvert seulement en 1997 que nous est révélé par exemple le grade de chevalier élu. Dans ce rituel une instruction très détaillée révèle aux candidats trois secrets inédits. Le premier est que les chevaliers élus, donc les maçons, forment une élite descendant des Templiers. Le deuxième secret est que ces derniers ne faisaient que poursuivre une longue lignée d’initiés remontant notamment aux esséniens. Le troisième secret est que la jonction entre la maçonnerie et les Templiers s’était fait en Écosse. Ce tableau est saisissant. Car on voit que dès cette époque, tous les éléments de la légende templière de la maçonnerie sont posés. Les grades d’inspiration templière qui apparaîtront ensuite ne feront que broder sur ce thème, arranger les détails et liés l’ensemble.

Cette légende va avoir une fortune assez grande. Trois grandes familles vont dériver de ce modèle. La première est donc la stricte observance templière en Allemagne. La deuxième aboutit au chevalier kadoch qu’on retrouve au 30ème grade du rite écossais ancien et accepté. Et la troisième la néo-chevalerie, extraordinaire destin de l’ordre du néo temple de Fabré-Palaprat qui, sous le premier empire, connaîtra de beaux jours et organisera même de fastueuses réceptions à Paris.

En guise de conclusion : si l’ordre du temple, le vrai, fut de bout en bout, essentiellement français, cela n’est pas douteux. Ce n’est pourtant pas par son intermédiaire que la franc-maçonnerie est née, que ce soit en France, avec les corporations ou en Écosse. Mais il est vrai que l’essentiel en la matière n’est pas la vérité de l’histoire, mais la vérité d’un désir de rattachement à une origine mythique, à la fois prestigieuse et secrète.

A la découverte de la Franc-maçonnerie pour l’édition 2024 des Journées Européennes du Patrimoine

Les francs-maçons vous ouvrent leur porte à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine.

Vous partirez à la découverte des temples maçonniques : leur huis clos abritant à la fois les échos des idées nouvelles et des éléments de tradition séculaire…
Visites guidées samedi 21 septembre, de 10h à 19h et dimanche 22 septembre, de 10h à 18h sans réservation.

En parallèle, dans le cadre du centenaire du mouvement surréaliste et de notre exposition Le Château Etoilé et la Parole Perdue, Surréalisme & Franc-maçonnerie, le musée présente : Le trésor des Jésuites.
Pièce surréaliste d’André Breton et Louis Aragon, parodiant malicieusement le Grand Orient de France, adaptée et mise en scène en théâtre de papier par Éric Poirier et Yoan Armand Gil.

4 représentations : Dimanche 22 septembre à 11h, 14h, 15h30 et 17h sans réservation.

Cliquez pour connaître le programme complet pour Paris, l’Ile-de-France et la France

Divers aspects de la pensée contemporaine avec Nicolas Penin du GODF « une vision pour le Grand Orient »

Élu au premier tour, lors du convent de Lille, le 22 août, Nicolas Penin, le nouveau Grand maître du Grand Orient de France, a fixé les grandes orientations stratégiques pour l’obédience.

Réparer une république abîmée est l’ambition qu’il place au cœur de son action. Décrivant la forte attractivité actuelle de la principale obédience française (54000 membres), le nouveau Grand Maître a insisté sur sa spécificité : d’un côté, l’exigence de la raison, et de l’autre, celle de la spiritualité, qui conjuguées, constituent une particularité enviable dans le paysage contemporain.

Interrogé, notamment, par Alexis Lacroix et Fabrice Millon, sur sa forte implication dans la région des Hauts- de-France, Nicolas Pénin a souligné le fait que les combats républicain d’aujourd’hui doivent se mener en synergie avec la dimension territoriale. Il a également réaffirmé le caractère non négociable de la défense vigoureuse des principes républicains. Conversation fondatrice.

Ecoutez l’interview de Nicolas Pénin

Nicolas Penin élu Grand Maître du Grand Orient de France

A l’occasion du 159e Convent du Grand Orient de France, réuni à Lille, les Conseillers de l’Ordre ont procédé à l’élection du nouveau Grand Maître. Nicolas Penin, élu dès le premier tour de l’élection, succède à Guillaume Trichard qui, depuis août 2023, a présidé aux destinées de la première Obédience française, fondée en 1728. Le nouveau Grand Maître, rendant hommage à son prédécesseur, a insisté sur la vocation du Grand Orient de France à « penser le monde de demain » et à « contribuer à sa construction ». Nicolas Penin a fait le constat d’une société confrontée « à des mutations sociales, politiques, technologiques et écologiques, à des phénomènes migratoires liés notamment au dérèglement climatique. Autant de bouleversements qui créent de l’inquiétude, ajoutés à des « replis identitaires (qui) menacent notre idéal démocratique »,

Comprendre aujourd’hui pour penser demain : le Grand Maître invite les 54000 frères et soeurs du Grand Orient de France à se mettre au travail dans leurs loges grâce à la rigueur de leur méthode maçonnique et leur appréhension de la complexité, conscients que « leur parole est entendue comme une boussole de la liberté et de la fraternité. » Ils les invitent, dans une démarche initiatique, à inventer le monde de demain, à être force de proposition pour l’école publique laïque, pour une démocratie revivifiée, pour un nouveau contrat social.

Âgé de 48 ans, Nicolas Penin a effectué sa trajectoire professionnelle au sein de l’Éducation nationale, comme conseiller principal d’Éducation. Titulaire d’une licence d’histoire à l’université d’Artois à Arras, spécialisé en histoire contemporaine, il a poursuivi des activités associatives et syndicales, notamment comme secrétaire régional du syndicat UNSA-Éducation pour les Hauts-de-France. Ces engagements en font un connaisseur avisé des problématiques éducatives et de transmission, ainsi que de leur lien avec la question sociale. Depuis 2021, Nicolas Penin exerçait les fonctions de Conseiller de l’Ordre élu par le Congrès régional Nord-Pas de Calais-Picardie et d’Angleterre. (Région 10). Auparavant, il a assumé plusieurs charges au sein du Conseil Régional, notamment celle de président du XXIIIe Congrès (2019-2021). Nicolas Penin a été initié le 24 avril 2007, à l’âge de 31 ans, dans une loge de Béthune, dans le Pas-de-Calais.

Le Bureau d’administration du Conseil de l’Ordre du Grand Orient de France

Lire le communiqué de presse du GODF