Dénomination du Carrefour de la Laïcité à Boussy-Saint-Antoine le mardi 9 décembre pour l’anniversaire des 120 ans de la Laïcité

Pour l’occasion du 120eme anniversaire de la promulgation de la Loi du 9 décembre 1905 « Loi concernant la séparation des Églises et de l’État« , le Maire de Boussy-Saint-Antoine Romain Colas et le Conseil municipal vous invitent à la cérémonie de dénomination du Carrefour de la Laïcité, situé à côté parking Saint-Thibault (Cours Neuenhaus / Rue de Rochopt) à Boussy-Saint-Antoine, le mardi 9 décembre 2025 à 19h.

Informations sur le site internet de Boussy-Saint-Antoine

Chapitre 8 : la fondation du GODF

Nouvelle histoire des Francs-maçons en France

Des origines à nos jours

Par Alain Bauer et Roger Dachez édition Tallandier 2018

Résumé

Chapitre 8 : la fondation du GODF

Pour obéir au gouvernement qui était très réfractaire à la franc-maçonnerie, les travaux de la Grande Loge de Paris avaient été suspendus en février 1767. Après 4 années de silence, la Grande Loge s’assembla de nouveau à partir de juin 1771.

Au même moment, la mort du comte de Clermont en juin 1771 entraîne une vacance de pouvoir au sein de la Grande Loge de France. Le duc de Chartres (qui deviendra Duc d’Orléans puis Philippe-égalité sous la révolution), influent dans la vie politique, est proposé comme successeur. Mais frappé d’exil par Louis XV pour son opposition à sa politique, il ne fut installé que deux ans plus tard et mais ne s’intéressa guère plus au gouvernement de l’ordre.

Montmorency-Luxembourg son substitut général, habile manœuvrier, orchestra alors une restructuration de la franc-maçonnerie, visant une centralisation plus forte et des changements structurels qui allaient bouleverser l’organisation de la Franc-maçonnerie Française. Il s’attaque notamment au problème de l’inamovibilité des Vénérables Maîtres auparavant élus à vie, et proposa une quotité annuelle qu’on appellera plus tard la capitation.

Au début de 1773 une commission proposa des réformes dont la création d’une grande loge dite nationale (le Grand orient de France) composée des députés de toutes les loges parisiennes et de province. Et celle-ci aura seul le droit de législation dans l’ordre. Toutes ces dispositions montraient bien la volonté qui s’affichait de mettre en place une administration digne de ce nom possédant notamment de réels moyens de subsistance. Et cela s’imposait dorénavant à toutes les loges. 

L’installation du nouveau grand maître, le duc de Chartres, ne fut réel qu’en octobre 1773 après que ses affaires s’arrangèrent avec le roi. Mais le futur Philippe-égalité sous la révolution, se désintéressa à peu près complètement du gouvernement de l’ordre et laissa tout dans les mains du Duc de Montmorency-Luxembourg. Finalement ses projets désormais bien arrêtés, ne pouvaient que déplaire aux maîtres parisiens. Les nouveaux statuts de l’ordre menaçaient évidemment au premier chef leurs prérogatives. Ils ne pouvaient accepter que ce Grand Orient ne reconnaisse désormais pour vénérable de loge que le maître élevé à cette dignité par le libre choix de ses frères. 

À partir de mars 1773 des maîtres Parisiens établir un rapport qui contestait la validité des délibérations de la Grande Loge dite nationale désormais Grand-Orient. A partir du mois d’août de la même année, ils décidèrent de maintenir la Grande Loge de France en déclarant que la prétendue Grande Loge nationale était illégale et irrégulière. La grande loge de Paris dite de France est donc créée par scission des réfractaires à cette réforme par des Maîtres parisiens qui s’efforçaient de maintenir les prérogatives et les usages de de la vieille maçonnerie parisienne.

Ces 2 grandes loges c’est-à-dire la Grande loge nationale et la Grande loge de France finalement vécurent côte à côte pendant encore près de 26 années.

Mais dès 1791, l’activité de la Grande Loge donc du Grand Orient marqua un net fléchissement et il fut décidé à partir de la terreur que ses travaux cessèrent. Finalement ils ne reprirent progressivement qu’à partir du mois de juin 1795, exactement à la Saint-Jean d’été. Durant les 3 années qui suivirent, la Grande Loge travailla à refonder ses structures. Au printemps de 1796, le Grand Orient de France repris véritablement ses travaux et les 2 grandes loges décidèrent, à partir de 1799, de se réunir à nouveau. Pour apaiser les dissensions, et très diplomatiquement, le Grand Orient accepta une ultime concession qui était que les vénérables maîtres actuellement inamovibles pourraient rester en poste 9 années de suite avant une nouvelle élection.

Parallèlement, et sans rentrer dans les détails, cette époque permit également une évolution des grades et des rites maçonniques. Il fut créé seulement 5 ordres, incluant les grades capitulaires et les hauts grades écossais. Et le « Rite Français » remanié permit une récapitulation de l’essentiel de la tradition maçonnique en France mais qui trouva de vives oppositions avec d’autres branches maçonniques, notamment les loges écossaises, qui refusèrent certaines réformes.

La Laïcité en fête, les actions 2025

Cette année nous fêtons les 120 ans de cette loi fondamentale.

La journée nationale de la laïcité célèbre la promulgation de la loi du 9 décembre 1905, sur la séparation de l’Église et de l’État. Celle-ci garantit la liberté de conscience et offre aux non-croyants et aux croyants le même droit à la liberté d’expression de leurs convictions dans les limites du respect de l’ordre public.

Le programme des actions du GODF se déroulant le samedi 13 décembre 2025

Cette Fête de la Laïcité à pour thème « La Laïcité à travers les arts et la culture ».

14h30 Projection du film La Séparation
Téléfilm documentaire de François HANSS (2005). Scénario : Bruno FULIGNI. Avec Pierre ARDITI, Pierre SANTIN, Michael LONSDALE, Claude RICH
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2 représentations : 16h30 et 20h
Spectacle du Théâtre de l’Impossible de Paris
« Laïcité – Liberté de conscience – Engagement ».
Écrit par Bruno FULIGNI et Robert BENSIMON.
Avec Lisa LÉVY, soprano, Corine THÉZIER, Robert BENSIMON, Pierre CARTERET, Alexandre MESSINA, Brice MARTIN, piano et la jeune Xiaorao LI, violon.
Textes de ROBESPIERRE, Fabre D’ÉGLANTINE, HUGO,CLEMENCEAU, Louise MICHEL, MALRAUX, Henri CAILLAVET et René CHAR.
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17h Projection du film « Les 3 Vies du Chevalier« 
Docu-fiction de Dominique DATTOLA (2014).
L’histoire de la liberté de penser depuis l’ancien régime jusqu’à aujourd’hui (1765 – 2005) racontée au fil du procès du Chevalier de la Barre et de la lutte de ses défenseurs pour sa réhabilitation.
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18h Rencontre avec l’artiste-plasticienne Françoise SCHEIN.
Présentation de son travail et de la vidéo « Human Rights for Schools ».
Découverte de son univers qui est à l’origine de l’œuvre inscrite sur toute la voûte de la station du métro Concorde à Paris (Céramique reprenant la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789).
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20h Projection du film Laïcité Liberté Égalité Fraternité (2025) de Yannick SÉGUIER.
Narration : Bruno SOLO. En présence de l’équipe du film.
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20h Concert de musique classique avec le Collectif Fractales.
Avec Coline INFANTE, soprano : œuvres de HAENDEL, Bach FAURÉ, DVORAK, BORODINE et VERDI.
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Et pour cette occasion, le musée de la franc-maçonnerie sera ouvert gratuitement et librement de 10h à 20h.

La Pierre brute

Propos introductifs

Vénérable maître et vous tous mes FF et SS en vos grades et qualités,

J’ai choisi aujourd’hui comme thème de ma première planche maçonnique celui de la pierre brute. Non pas parce que c’est un thème choisi au hasard parmi toute la longue liste des symboles qui s’offrait à moi. Mais parce que c’est pour moi un symbole puissant, fort et plein de sens.

Et en effet, c’est un des tout premiers symboles mystérieux auquel un apprenti est confronté. D’ailleurs, dans ma vie de profane, avant d’avoir reçu la lumière, j’ai souvent entendu dire que le but d’un franc maçon était de tailler sa pierre et de la polir pour la rendre la plus parfaite possible. Cette formulation, bien que claire en apparence est selon moi trop banale. Nul ne sait vraiment le pouvoir de ce symbole tant qu’il ne s’est pas penché sur la question.

En réalité mes chers FF et SS, ce thème est venu à moi comme une évidence. Pourquoi ?

Et bien il me suffit de regarder à l’orient lors de nos travaux là ou parfois, je vous l’avoue mon esprit s’évade quelques instants. Cet objet, cette matière brute, est posée sous nos yeux. A l’état inerte, pourtant toujours présent. Sans jamais se dégrader, sans jamais bouger de place.

Mais avant de commencer, j’aimerais d’abord vous raconter cette anecdote. La première image que j’ai eu de la Franc maçonnerie était il y a fort longtemps. Lorsque j’étais jeune, je regardais toujours la télévision dans la chambre de mes parents avec la seule chaine que je captais, la RTBF. Un jour, je suis tombé sur un épisode des Simpson, intitulé « Homer le Grand ». C’était en 1995.

Dans cet épisode, Homer devient membre d’une société secrète appelée les Tailleurs de pierres. Je l’ai compris plus tard mais on y caricaturait la franc-maçonnerie. Ce n’est qu’après mon initiation que j’ai fait le rapprochement en me replongeant dans cette série.

Cet épisode posait le décor d’un groupe d’habitants de Springfield, entourés de symboles et d’objets énigmatiques, où l’initiation complètement loufoque d’Homer – il faut le dire – lui permettait d’entrer dans un monde inaccessible aux profanes, ceux qui n’en étaient pas, plein d’avantages et de passes droits. Cela a suscité en moi une certaine curiosité, même si à cette époque et jusqu’à il y a peu, je n’avais pas encore fait le lien avec la Franc maçonnerie en général et la taille de la pierre brute en particulier.

Et encore pour la petite histoire, à un moment, les tailleurs de pierre sont tous attablés en train de partager des agapes et ils entonnent une chanson toujours parodique, dont les paroles ont toujours raisonné dans ma tête jusqu’à aujourd’hui.

Bon revenons en au fait. Dans cette planche, je travaillerai d’abord sur la symbolique de la pierre brute. La symbolique qui nous concerne tous, de manière individuelle. Puis j’aborderai une approche de la symbolique plus collective. Je vous expliquerai enfin comment, selon moi, ce symbole renvoie avant tout à notre morale.

La symbolique individuelle de la pierre brute

Au fil de mes recherches, j’ai compris que cette pierre brute est un symbole de travail intérieur. Lors du dernier chantier d’apprenti avec notre second surveillant, nous nous sommes questionné sur le sens du mot V.I.T.R.I.O.L. de l’acronyme plutôt. Chacun sait ici qu’il s’agit d’une devise latine « Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies Occultum Lapidem », signifiant : « Visite l’intérieur de la terre, et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée ». C’est a posteriori que j’ai compris que le travail de taille de la pierre brute démarre dans le cabinet de réflexion. Là où tout commence finalement. Comme si la solution était posée sous nos yeux, sans que nous sachions la déchiffrer.

D’un point de vue étymologique, le mot pierre est un dérivé du latin Petrus, lui même dérivé du grec Petros qui signifie le rocher. De prime a bord, la pierre évoque donc quelque chose de solide, de stable.

En franc-maçonnerie, la pierre brute constitue la première étape du cheminement spirituel et personnel de tout initié. Dès l’entrée dans le Temple, nous sommes invités à voir cet emblème, posé sur les marches de l’autel à l’Orient, où l’apprenti, en possession du maillet et du ciseau, effectuera son premier travail. Cette pierre brute représente l’état originel de l’homme, non façonné par l’effort sur soi, plein d’aspérités, d’imperfections et de failles, mais aussi porteur d’un potentiel immense encore inexploité.

Cela rejoint les travaux de Jean Marie Ragon, maçon français du Grand Orient, initié à Bruges en 1804, né à Bray sur Seine pas très loin d’ici et auteur de nombreux ouvrages qui traitent des rituels maçonniques qui rappelle que la pierre brute « symbolise les imperfections de l’esprit et du cœur que le maçon doit s’appliquer à corriger ».

En tant qu’emblème, elle signifie donc que l’homme n’est pas un être « fini » : il est inachevé et perfectible, tout entier voué à l’auto-construction voire à la reconstruction et à la transformation par le travail, et transformation par la connaissance.

La pierre brute est donc un symbole fondamental en franc maçonnerie. Le travail du franc-maçon ne s’arrête jamais. De son initiation jusqu’à son passage à l’orient éternel, il travaillera cette matière première dans l’objectif de construire un édifice solide, harmonieux et lumineux. Cette transformation n’est donc pas matérielle, elle est avant tout spirituelle, morale et je dirais même collective.

La pierre brute symboliserait alors le point de départ d’un chemin propre à chacun mais sans fin, et laisserait penser à un inachèvement volontaire de notre oeuvre. C’est un rappel symbolique que nul ne naît et ne meurt parfait, que chacun porte en soi des angles vifs, peut-être tranchants, encore à polir, des aspérités à lisser et que la progression en franc-maçonnerie est une quête incessante d’amélioration de soi-même.

A titre personnel, la pierre brute m’invite chaque jour à une introspection profonde. Que signifie pour moi, jeune apprenti, ce travail de taille ? Il ne s’agit pas seulement d’éliminer mes défauts apparents, mais de creuser plus loin, pour toucher l’essentiel qui fera de moi quelqu’un d’authentique. Chaque coup de maillet et chaque trait de ciseau symbolisent les épreuves, les difficultés, mais aussi les prises de conscience qui me façonnent et me structurent intérieurement.

Je m’arrête un instant sur un aspect important. Une récente question à l’étude des loges m’a conduit à élargir ma réflexion. Que deviennent les éclats de la pierre brute ? D’une part, on le sait maintenant, ce qui a été taillé représente les imperfections, les impuretés. Dès lors, admettons que je ne ramasse pas ces éclats, ces poussières, ne risquerais-je pas de marcher dessus et de les retrouver à nouveau sur mon chemin ? Les éclats taillés symbolisent les défauts et les vices anciens. Le franc-maçon que je suis n‘aurait pas intérêt à laisser reposer poussières et débris sur son chemin. La pureté du travail accompli serait alors compromise et tout serait à refaire.

J’ai aussi entendu qu’il ne fallait pas laver ses gants ou son tablier. Pourtant tous deux sont souillés par les éclats de la pierre brute. le maniaque que je suis ne peut s’empêcher de penser que si je ne nettoie pas mes vêtements de travail, la poussière ou les éclats reviendront inlassablement se refixer sur ma pierre. En d’autres termes, balayer mon passé me permettra d’avancer.

La dimension collective de la pierre brute

En ce qui concerne la dimension collective de la pierre brute, admettons que chacun d’entre nous taille sa pierre en forme de brique, que pourrions nous construire ensuite ? Une maison pour nous abriter ? Une école pour nous instruire ? Ou un temple pour nous recueillir ? Une chose est sure, il sera difficile de construire un édifice avec une seule pierre. La pierre brute, deviendra donc la pierre angulaire de quelque chose de plus grand.

Ce symbolisme rejoint le mythe fondateur du Temple de Salomon, où les pierres, extraites brutes de la carrière, sont ensuite travaillées pour édifier une œuvre sacrée. Selon les récits bibliques (1 Rois 6:7), aucune pierre de taille n’est employée à l’origine : la transformation du brut au taillé est une victoire sur la matière, une transmutation animée par l’esprit divin.

La pierre brute, une fois taillée mes chers FF et SS n’a alors de valeur que lorsqu’elle s’imbrique dans un ensemble. Mais alors qui est capable de juger si sa pierre est suffisamment polie ? Ne faudrait-il pas soumettre son travail à un contremaitre ? À un grand architecte ? Qui détermine la valeur sociale de l’être polissé ?Le but étant je le rappelle est de devenir une « belle personne ».

Mais une belle personne ne l’est que lorsqu’elle se comporte dignement avec les autres, en société. Nul ne peut se prévaloir d’être un homme bon, c’est un titre honorifique, une distinction que l’on se fait remettre.

Sans faire de géologie, partons du postulat que la pierre est une roche exogène formée à la surface de la croûte terrestre, si chacun d’entre nous dispose d’une pierre, ou si chacun de nous est une pierre, nous serions donc tous un morceaux de quelque chose.

Néanmoins de quelle matière parlons nous ? Certains seraient faits de gré, de granit, ou de Jaumont, cette pierre jaune qui me tient tant à coeur, elle qui a permis de façonner la si belle ville de Metz qui m’a vu grandir, quand d’autre seraient de marbre ou de vulgaires cailloux ? Notre pierre, chacun en ce qui nous concerne aurait-elle la même valeur que celle de notre voisin ? Sous entendu, untel ou untel vaudrait mieux que moi ? Je pose ici cette réflexion.

La dimension morale et spirituelle

D’un point de vue moral et spirituel, j’aime à penser que la pierre brute est aussi un miroir. Elle reflète à la fois notre état initial, ce que nous sommes sans filtre, avec nos fragilités et nos forces mal maîtrisées, et le projet de ce que nous pouvons devenir grâce au travail réalisé. Le travail sur la pierre brute engage une démarche d’humilité : reconnaître ses imperfections, les accepter comme un état transitoire, et s’engager dans un travail de rectification.

Mais elle incarne également la promesse d’un aboutissement, la pierre cubique, parfaite, dont la forme géométrique symbolise l’équilibre, la sagesse et la maîtrise. L’invitation maçonnique est donc une invitation à la métamorphose, à la rédemption individuelle qui éclaire par ricochet, par extension le collectif.

La pierre brute est aussi le symbole de la patience et de la persévérance. On ne taille pas une pierre parfaite en un jour, pas plus que l’on ne se transforme en un instant. C’est un long processus d’efforts constants, de remises en question et d’acceptation des imperfection.

En ce sens, elle enseigne l’humilité et la persévérance, deux vertus indispensables dans notre démarche maçonnique. Plus tard, la pierre brute deviendra la pierre cubique, où la matière s’ordonne, devient stable et apte à prendre place dans le Temple. Puis viendra la pierre cubique à pointe ou pyramidion, surmontant le cube, et signalera le passage à la verticalité spirituelle.

Dans le « Manuscrit Dumfries », la question du maçon est abordée ainsi : « Qu’est-ce qu’un maçon ? Réponse : Un ouvrier de la pierre. » Pour œuvrer sur cette pierre, je l’ai dit, il nous faudra utiliser deux outils indispensables : le maillet et le ciseau.

Le maillet, par la force contrôlée qu’il délivre, incarne la volonté et la puissance. Le ciseau, plus fin, représente la précision, la sagesse et la réflexion. Ensemble, ils produisent la transformation de la pierre brute. Ils rappellent également que cette transformation ne peut être anarchique ou brutale, mais qu’elle doit être mesurée, réfléchie et équilibrée.

Cet équilibre entre force et finesse est à mon sens un appel à travailler sur soi avec rigueur, mais aussi avec discernement. C’est apprendre à se connaître assez pour ne pas s’abîmer dans un excès de dureté ou de douceur, mais pour tailler la pierre à la juste mesure.

Le symbole de la pierre brute a donc un double sens. Il invite le franc maçon à une double démarche, à la fois introspective et extrospective : il est tantôt l’ouvrier qui façonne tantôt lui même la pierre qu’il façonne. Le sujet et l’objet sont alors confondus. Dans « Eupalinos ou l’Architecte », Socrate dit que: « À force de construire… je crois bien que je me suis construit moi-même. »

Travailler à dégrossir sa pierre brute n’est pas seulement une dimension morale individuelle : c’est aussi une preuve d’humilité. Chacun doit reconnaître la nécessité de progresser sans limite, d’accepter ses erreurs et ses bannir ses faiblesses.

Conclusion

Mes chers frères et soeurs, à travers la symbolique de la pierre brute, se manifeste la notion d’un travail sans fin. Nulle pierre n’est jamais parfaite de façon absolue. Le chemin maçonnique est celui de l’inaccompli, une quête éternelle, où chaque étape franchie ouvre un nouveau champ d’apprentissage et de profondeur.

La pierre brute est un rappel constant que l’homme est un être en devenir, et que la vérité, la sagesse et la lumière sont des horizons qui restent à poursuivre mais jamais totalement atteints. C’est cette dynamique qui donne sa richesse à notre engagement maçonnique, la lutte incessante contre l’ignorance, l’égoïsme, et l’erreur. J’ai dit

Le non finito ou l’esthétique de l’inachevé

V :. M :. et vous tous mes frères et soeurs en vos grades et qualité,

Il y a quelque temps, j’ai eu la chance de voir une sculpture qu’on appelle la Piéta Rondanini de Michel-Ange, et qui est conservée au château des Sforza à Milan. La sculpture, bien qu’inachevée, est particulièrement émouvante : nous découvrons Marie, debout, qui essaye de relever son fils Jésus mort. L’ensemble est empreint d’une grande tension émotionnelle, entièrement focalisée sur la relation entre la mère et son enfant. Le spectateur arrive à toucher du doigt – ou plutôt du regard – le travail au burin dans la pierre comme si le sculpteur avait arrêté son travail la veille. Mais le plus important n’est pas là : lorsqu’on étudie l’histoire de l’oeuvre, on découvre le cheminement de l’artiste, ses doutes, ses colères, ses repentirs : car après avoir ébauché une première version, Michel-Ange tombe sur des anomalies structurelles dans le marbre et, de rage, commence à le détruire. Quelques années plus tard, il revient à son projet et révolutionne tout : il inverse littéralement la position des deux sujets ; le Christ tel qu’il était esquissé se transforme en Marie et de l’ancien corps de Marie, il conçoit le nouveau Jésus. L’artiste travaille à cette oeuvre jusqu’à sa mort, en 1564.

Michel-Ange, qui mettait un soin infini à choisir ses morceaux de marbre dans la carrière où il avait l’habitude de s’approvisionner, disait, je cite : « Chaque bloc de pierre a une statue à l’intérieur et c’est la tâche du sculpteur de la découvrir. ».

Ainsi, sur un chantier opératif, une pierre brute n’est pas un caillou informe. Elle est une pierre déjà ébauchée, une pierre qui a le potentiel d’être travaillée encore et encore pour s’insérer parfaitement dans l’ouvrage.

De même, sur un chantier spéculatif, la pierre brute caractérise l’état ignorant de l’apprenti, mais pas de n’importe quel ignorant : un ignorant qui n’ignore plus son ignorance et, partant de là, commence donc à se mettre au travail.

Le sculpteur est comme l’apprenti maçon qui, sortant du tumulte des sociétés profanes, commence à se connaître, à douter, et comprend la nécessité de travailler sa pierre brute. Certains rituels prévoient d’ailleurs qu’au cours de l’initiation, le 2nd surveillant montre le geste de taille, par trois coups à l’aide du marteau et du burin sur la pierre, au tout nouvel apprenti. Cet enseignement par l’exemple permet, de génération en génération, de transmettre le savoir-faire d’un maître à un apprenti.

Prenons garde au raisonnement qui consisterait à dire : « nous sommes tous des pierres brutes, nous sommes perpétuellement des apprentis ». Non ! mes F :. et mes S :. Car s’il n’y a plus que des apprentis dans l’atelier, qui prendra la relève pour assurer l’enseignement ? Qui montrera l’exemple ? Ce raisonnement cache en réalité une forme de faiblesse, une forme de renoncement. A force de tailler et polir sa pierre, le risque pour le maçon est qu’il ne lui reste plus que de la poussière ! Certes, le doute, le travail sur soi-même est exigé de tous, que l’on soit apprenti, compagnon ou maître. Mais en tenue d’apprenti, chaque compagnon ou maître a une responsabilité supplémentaire : celle d’être le grand frère, la grande soeur, qui va montrer l’exemple, le grand frère, la grande soeur que l’on écoute, que l’on regarde, que l’on va, au moins au début, imiter, et que finalement, en connaissance, on va décider de suivre ou de ne pas suivre.

Si le maçon a la capacité de révéler le meilleur de lui-même, alors il peut sortir du temple pour révéler son savoir, pour se montrer exemplaire, pour donner envie aux autres de lui ressembler. C’est la fameuse phrase du Mahatma Gandhi « Sois le changement que tu veux voir dans le monde ». Dans notre rituel, c’est la fameuse phrase prononcée par le VM en fin de tenue « Par l’exemple de leurs vertus, les FM porteront en dehors du temple les vérités qu’ils ont acquises ». Michel-Ange lui-même a montré l’exemple à de nombreux élèves, de nombreux suiveurs, et en-dehors même de son atelier, des années, des siècles après sa mort, son influence a touché une foule d’artistes.

Quelquefois, lors des passages sous le bandeau, la question suivante est posée au profane par un frère ou une soeur de l’atelier : « si vous deviez compléter la devise Liberté, Egalité, Fraternité, quelle valeur choisiriez-vous » ? Pour ma part, j’aurais répondu l’exemplarité.

J’ai dit.

Le rôle des symboles

V :. M :. et vous tous mes frères et sœurs en vos grades et qualité,

Ma sœur L:., mon frère O:., vous avez été initiés ce soir du 3 octobre 2025 à Corbeil-Essonnes. Vous faites désormais partie d’un ordre initiatique, celui des francs-maçons.

Toute votre vie, vous vous souviendrez de cette cérémonie qui restera à jamais gravée dans vos mémoires. Pourtant, l’histoire ne date pas d’hier et vous n’êtes pas les premiers à avoir reçu la lumière : dans sa forme moderne, la franc-maçonnerie prend naissance au XVIIe siècle, quelque part en Grande-Bretagne. A cette époque, la mise en place de rituels initiatiques inspirés des Anciens Devoirs, règlements professionnels en vigueur dans les guildes de bâtisseurs, fut l’un des phénomènes annonciateurs de la franc-maçonnerie émergente. Ces rituels incluaient des serments et des secrets, conférant aux connaissances, que les membres partageaient un caractère mystérieux. Ils avaient aussi pour objectif de transmettre des valeurs comme l’intégrité, la fraternité et la nécessaire recherche de la vérité. Cette dimension éthique devint ainsi le socle de la franc-maçonnerie qui se présentait comme une école de perfectionnement personnel. Et la maîtrise des symboles et des gestes devint une caractéristique clé du parcours initiatique de ses membres.

Les symboles : parlons-en des symboles ! Toute la soirée, vous entendu, comme une antienne, « ici, tout est symbole. ».

Dans la symbolique initiatique des constructeurs, les symboles architecturaux revêtent une importance particulière : les outils du maçon, tels que l’équerre, le compas, le fil à plomb et le niveau, ne servaient pas uniquement aux travaux matériels, il prenait une valeur métaphorique représentant des principes moraux ou universels. Ainsi, l’équerre pouvait symboliser la rectitude, le compas la mesure et le cercle la perfection. De cette façon, la maçonnerie répétait l’idée que la construction du bâtiment matériel devait être associé à une construction intérieure de l’individu. Cette correspondance entre le concret et l’abstrait, entre le visible et l’invisible, entre l’ostensible et l’intime, est un aspect fondamental du système de pensée maçonnique. Le symbolisme de la construction aide à exprimer notre philosophie, notre vision du monde et nos principes moraux. Les symboles sont des allégories ou plutôt des métaphores reflétant l’aspiration de l’homme à l’amélioration intérieure, à la connaissance de soi et à la perfection morale.

Ma sœur L:., mon frère O:., dans les semaines qui viennent, vous allez découvrir, entre les objets, les décors, les gestes et les paroles prononcées, 30, 40, 50 symboles ou peut-être plus ! Tous ces symboles et ces gestes, tous ces signes et ces expressions typiquement maçonniques sont issus d’un syncrétisme aux origines multiples et parfois obscures, et sont transmis de génération en génération. Ils représentent un champ sémantique et analogique constitué, solide, qui a connu l’épreuve du temps. Dans leur diversité, les symboles ont tous un point commun : ils permettent de réfléchir différemment. Ils constituent une langue à part entière, une langue qui permet de provoquer en nous une forme d’éveil, une forme de confrontation intime, et entre nous un moyen de dialogue, une forme de confrontation à la pensée de l’autre. Chacun à sa manière, chacun dans son registre, ils sont autant de catalyseurs à la réflexion et sont là pour nous rappeler du travail à faire nous permettre de progresser collectivement.

Alors même si vous aurez peu l’occasion de prendre la parole en loge dans les prochains mois, faites l’effort de regarder le symbole sous un autre angle, forcez-vous à rechercher une analogie différente du voisin, poussez votre réflexion jusqu’à obtenir un point de vue original et nous en débattrons en réunion d’apprentis très bientôt.

J’ai dit.

5 minutes de symbolisme « Le sacré et le secret »

V :. M :. et vous tous mes frères et sœurs en vos grades et qualité,

le sacré et le secret sont deux concepts intimement liés car ils partagent tous deux une idée de profond respect et une idée de protection.

Placés côte à côte, les deux mots, sacré et secret, montrent une assonance évidente. Ils n’ont pourtant pas du tout la même étymologie : sacré est issu tout droit de l’indo-européen « sak » qui signifiait déjà… sacré et secret trouve son origine dans la racine indo-européenne ker, qui a le sens de trier, séparer Ce n’est donc pas à travers l’étymologie que nous allons trouver un lien entre ces deux termes.

Nous sommes ici dans un temple alors essayons d’abord de définir ce qu’est le sacré.

De façon générale, le sacré se réfère à ce qui est mis à part, vénéré, ou considéré comme ayant une importance transcendante. Il peut être associé à des objets comme des œuvres d’art ou bien certains textes, des lieux comme une église ou un temple, des rites, des traditions, ou encore des idées qui dépassent le monde matériel et touchent au spirituel ou au religieux. Ce qui est sacré inspire respect, crainte, admiration. Ce qui est sacré est souvent entouré de rituels et de symboles qui renforcent son caractère inviolable. Il est fréquemment associé au mystère, car il touche à des réalités qui dépassent la compréhension humaine immédiate et ordinaire.

Dans ces lieux, le sacré est à rechercher dans notre rituel, dans notre méthode de travail, dans nos symboles. Il est surtout à rechercher dans ce que nous en faisons. Ce qui est sacré est le cheminement maçonnique qui opère au fond de nous. Le cheminement individuel mais aussi le cheminement collectif, au gré des évènements qui marquent notre loge. Le sacré est à rechercher dans le lien d’esprit, le lien fraternel, l’égrégore qui nous unit tous.

Et bien figurez-vous que tout cela constitue précisément notre secret. Je ne parle pas du secret d’appartenance ou du secret du rituel. Non, trop banal. Je veux parler bien sûr de ce que l’on ressent dans notre cœur et qui est le fameux secret que l’on dit incommunicable.

Secret… sacré… Ca y est ! ces deux mots deviennent subitement des synonymes. Nos secrets sont notre sacré. Ils sont réservés à ceux qui ont franchi certaines étapes d’initiation et qui sont dignes de les connaître. Ils représentent une forme de connaissance qui doit être méritée et acquise degré après degré, plutôt que d’être délivrée en bloc. La préservation de nos secrets demande à chaque frère ou sœur de la loge, chacun dans son grade, une certaine maîtrise de soi qui oblige au silence toutes les fois qu’il est inopportun de s’exprimer ou toutes les fois que notre interlocuteur n’est pas en mesure de recevoir une vérité nouvelle. Et inversement, les passages de grade permettent d’enseigner de nouveaux mystères aux frères et aux sœurs qui sont prêts à les recevoir.

De cette façon, les secrets se dévoilent petit à petit, en respectant le temps et le cheminement personnel de chacun.

Les secrets se dévoilent petit à petit… Dévoiler, secret… n’est-ce pas contradictoire ? Non ! Car si les secrets n’étaient jamais transmis, ils finiraient par être perdus, oubliés ou pire, remplacés par quelque-chose de bien plus pernicieux, sans même qu’on s’en rende compte. Il faut comprendre dans mon propos que, paradoxalement, le secret n’a une utilité qu’à partir du moment où il ne l’est plus tout à fait. Ainsi, la maîtrise du secret maçonnique suppose un équilibre entre, d’une part, la transmission du savoir, qui utilise le langage des symboles, et d’autre part, le silence, gardien du mystère.

Les francs-maçons ont coutumes de dire dans les médias qu’ils appartiennent davantage à une société discrète que secrète. C’est peut-être vrai lorsqu’on s’adresse aux profanes. Encore que… nous sommes indiscrets voire triviaux toutes les fois que notre communauté, par la voix de ses représentants, donne des leçons au reste du monde, en tout cas des leçons qui ne sont pas en lien direct avec nos fondements, avec nos mystères. Je ferme la parenthèse. Non, nous ne sommes pas une société discrète mais bien secrète, dans le sens que j’ai essayé de vous expliquer, dans le sens où notre travail repose sur l’étude des symboles et de leur langage, sur notre rituel et sur nos liens sacrés, et qu’il doit être le fruit d’une longue méditation sur nous-mêmes, dans l’introspection et le silence.

J’ai dit.

5 minutes de symbolisme « Laisser ses métaux à la porte du temple »

V :. M :. et vous tous mes frères et sœurs en vos grades et qualité,

je n’ai jamais aimé l’expression « il faut laisser ses métaux à la porte du temple » tout comme je n’ai jamais aimé les bigots. Car enfin, si pour être un bon maçon, il faut se débarrasser de ses préjugés, OK…mais c’est une platitude ! Certes, les métaux et les bijoux symboliquement nous alourdissent, ils sont le signe du mal, ils sont considérés comme moralement mauvais. Mais… si cette explication est vraie, elle me paraît un peu trop simpliste et un peu trop binaire.

D’autant que l’expression « il faut laisser ses métaux à la porte du temple » m’a toujours paru énigmatique : car chacun peut constater dans ce temple la présence de quantités de métaux : des glaives, des bijoux, des objets symboliques comme ce fil à plomb, des pièces de monnaie qui seront récoltées dans le tronc de la veuve et aussi des symboles comme le soleil et la lune, étroitement liés à l’or et à l’argent. Et qu’en est-il des plombages dentaires ?

Alors essayons d’y voir plus clair. Et pour comprendre quelque-chose, distinguons la cérémonie de l’initiation des autres tenues.

Commençons donc par l’initiation. Au tout début de la cérémonie – nous nous en souvenons tous – l’impétrant doit confier son portefeuille, son téléphone portable, ses clés, sa montre, ses bijoux, son argent, bref une partie de ses biens à un parfait inconnu. Ce tout premier geste est déjà une épreuve pour lui : c’est un premier acte de confiance – il y en aura d’autres après – un acte de confiance de la part du récipiendaire envers la communauté qu’il s’apprête à rejoindre.

Au moment de l’initiation, les métaux revêtent d’abord le symbole de tout le superflu de l’homme social et matérialiste. Ils représentent ensuite le désordre moral dans notre vie. Enfin, s’il veut entrer dans un monde authentiquement spirituel, l’homme doit, par définition, quitter la matière. Laisser ses métaux à la porte du temple permet de privilégier les richesses de l’esprit, juste avant de recevoir la lumière initiatique. Alors cultivons la chance que nous avons d’être initiés, cultivons la chance de devoir rechercher la sagesse qui au-delà des apparences, est la seule décoration invisible mais sacrée que l’on peut espérer revêtir un jour.

Mais quittons la cérémonie d’initiation proprement dite pour essayer de comprendre le sens plus général de « laisser ses métaux à la porte du temple ».

Symboliquement, l’expression signifie que les frères et les sœurs qui pénètrent dans le temple doivent se dévêtir de leur humanité profane, pour pratiquer une forme de purification rituélique, tout comme, chez les anciens ou dans certaines religions, les fidèles se lavent ou pratiquent le jeûne avant d’entrer dans l’enceinte sacrée. Dès lors, c’est bien avant chaque tenue qu’il y doit y avoir dépouillement des métaux, autrement dit, c’est avant chaque tenue que l’individu encore profane que nous sommes sur les parvis, doit se régénérer en un frère ou une sœur, prêt à acquérir de nouvelles vérités et poursuivre sa mutation individuelle.

Le parallèle avec l’alchimie devient évident : avec l’aide du forgeron Tubalcain, chacun de nous se transforme en initié tout comme le plomb se transforme en or, métal de lumière, le long des différentes phases du Grand Œuvre.

Bon. Tout cela est bien beau mais ces considérations ésotériques complexes et, je dois bien le dire, obscures ne nous renseignent pas sur la véritable origine de l’expression « il faut laisser ses métaux à la porte du temple ». D’où vient cet impératif : « il faut » ? C’est en effectuant quelques recherches supplémentaires que je suis arrivé à bout de cette expression : il suffit de revenir aux sources, celles qui racontent la construction du temple de Salomon, dans l’Ancien Testament, au premier livre des Rois, chapitre 6. C’est ici que l’on trouve la clé de l’énigme : il est écrit, je cite : « Lorsqu’on construisit le temple, on se servit de pierres toutes taillées. On n’entendit ni marteau, ni hache, ni aucun instrument en fer dans le temple pendant qu’on le construisait. » Et oui ! Le caractère sacré de l’édifice explique que sa construction eut quelque chose de très solennel par le silence religieux qui fut observé à ce moment. Les pierres avaient été façonnées dans la carrière, ou peut-être dans un endroit voisin de Jérusalem, de telle sorte qu’elles n’avaient plus qu’à être posées et assemblées sans le bruit ordinaire des instruments de travail.

Nous y sommes ! A l’origine, l’expression « Il faut laisser ses métaux à la porte du temple » signifie tout simplement « il faut faire silence pour construire le temple », que ce soit le temple de Salomon ou son temple intérieur.

V :. M :. et vous tous mes frères et sœurs en vos grades et qualité, je n’ai jamais aimé l’expression « il faut laisser ses métaux à la porte du temple » dans son sens courant. Trop prêchi-prêcha ! Mais après un peu de recherche, on peut découvrir toute la richesse qu’elle contient ! Et chacun y verra ce qu’il veut y voir : le symbole de la confiance, la promesse d’une vie spirituelle, le devoir de purification, la régénération quasi-alchimique du maçon, tenue après tenue. Pour ma part, je retiendrai la dernière proposition : la nécessité d’observer le silence si l’on veut être dignes de notre mission de Constructeurs !

J’ai dit.