Le 15 octobre 1924, paraissait, sous la plume d’André Breton, Le Manifeste du surréalisme.
L’année 2024 marque donc le centième anniversaire de la naissance de ce grand mouvement artistique et poétique qui a exercé une influence majeure sur la création et la culture du XXe siècle ; en France, bien sûr, mais aussi dans beaucoup d’autres pays.
À côté de nombreuses manifestations organisées pour ce centenaire, le musée de la franc-maçonnerie propose l’exposition « Le château étoilé et la parole perdue. Surréalisme & Franc-maçonnerie », du 26 avril au 22 septembre 2024.
Il s’agit moins de commémorer que de saisir une occasion de comprendre le questionnement essentiel que mettaient sur la table de la modernité André Breton et ses amis, au lendemain du drame de la Première guerre mondiale.
Présente dans notre pays depuis près de trois siècles – et particulièrement active sous la IIIe République – il n’est guère étonnant que des artistes aient, à un moment ou à un autre, croisé la franc-maçonnerie. Mais il y a plus que cela et c’est ce qui donne la matière de cette exposition. L’origine même du terme surréalisme touche un peu à la franc-maçonnerie. C’est en effet, en 1917, dans une lettre de Guillaume Apollinaire au poète Paul Dermée qu’apparaît le mot. Or Dermée (Camille Janssen, 1886-1951) est non seulement franc-maçon mais aussi un des cadres du Grand Orient de France. L’homme est un, et Dermée ne vit pas ses choix artistiques indépendamment de son implication en loge. De même, quelques années plus tard, il y a des résonances entre le travail littéraire de Philippe Soupault, co-inventeur avec Breton de l’écriture automatique, et son engagement au Grand Orient de France.
L’exposition s’intéresse à une période moins étudiée – et peut-être même volontairement un peu oubliée – du surréalisme : l’après Seconde guerre mondiale. Dès ses débuts, André Breton témoigne d’une vraie curiosité pour l’hermétisme. Il y voit une approche qui permet d’accéder à des profondeurs méconnues de la psyché humaine et de féconder une création poétique nouvelle. Cet intérêt se manifeste ostensiblement en 1945 avec la publication d’Arcane 17 puis, en 1957, avec ce livre inclassable et fascinant qu’est L’art magique. Entre 1945 et jusqu’à sa mort en 1966, Breton va rassembler autour de lui de jeunes artistes dont le travail se nourrit des traditions initiatiques et symboliques. Beaucoup d’entre eux sont franc-maçons et font de leur pratique maçonnique une source de leur production poétique.
C’est à la découverte de cette rencontre inattendue entre surréalisme et franc-maçonnerie que nous convions le visiteur.
Cette manifestation se situe dans le prolongement de l’exposition « Surréalisme et alchimie » organisée l’été dernier par La Rose Impossible pour l’inauguration de la Maison André Breton à Saint-Cirq-Lapopie. Nous avons été particulièrement heureux et fiers de participer à la réouverture de ce lieu magnifique et dorénavant si important pour l’Histoire de l’art du XXe siècle.
Bienvenue dans ce voyage entre symboles, imaginaire et poésie !
Toutes les informations sur l’exposition
Artistes exposés :
René Alleau, Fernando Arrabal, André Breton, Jorge Camacho, Giorgio De Chirico, Antoine-Denis Chaudet, Ithell Colquhoun, Adrien Dax, Guy-René Doumayrou, Élie-Charles Flamand, Jacques Hérold, Charles B. Jameux, Marcel Jean, Jean-Pierre Lassalle, Patrick Lepetit, Pierre Mabille, Marie-Dominique Massoni, Mimi Parent, Dominique Paul, Serge Pey, Bernard Roger, Endre Rozsda, Roland Sig, Martin Stejskal, Eva Švanmajerova, Jan Švankmajer, Roger Van Hecke…
Curateurs de l’exposition : Patrick Lepetit, Pierre Mollier & Laurent Segalini, Musée de la franc-maçonnerie, Yoan Armand Gil, Venus d’Ailleurs.
Consultants : Emmanuel Bauchard, Camille Coppinger, Marie-Dominique Massoni, David Nadeau.
Partenaires de l’exposition : La Rose Impossible et le CISCM.