Nouvelle histoire des Francs-maçons en France
Des origines à nos jours
Par Alain Bauer et Roger Dachez édition Tallandier 2018
Résumé
Chapitre 8 : la fondation du GODF
Pour obéir au gouvernement qui était très réfractaire à la franc-maçonnerie, les travaux de la Grande Loge de Paris avaient été suspendus en février 1767. Après 4 années de silence, la Grande Loge s’assembla de nouveau à partir de juin 1771.
Au même moment, la mort du comte de Clermont en juin 1771 entraîne une vacance de pouvoir au sein de la Grande Loge de France. Le duc de Chartres (qui deviendra Duc d’Orléans puis Philippe-égalité sous la révolution), influent dans la vie politique, est proposé comme successeur. Mais frappé d’exil par Louis XV pour son opposition à sa politique, il ne fut installé que deux ans plus tard et mais ne s’intéressa guère plus au gouvernement de l’ordre.
Montmorency-Luxembourg son substitut général, habile manœuvrier, orchestra alors une restructuration de la franc-maçonnerie, visant une centralisation plus forte et des changements structurels qui allaient bouleverser l’organisation de la Franc-maçonnerie Française. Il s’attaque notamment au problème de l’inamovibilité des Vénérables Maîtres auparavant élus à vie, et proposa une quotité annuelle qu’on appellera plus tard la capitation.
Au début de 1773 une commission proposa des réformes dont la création d’une grande loge dite nationale (le Grand orient de France) composée des députés de toutes les loges parisiennes et de province. Et celle-ci aura seul le droit de législation dans l’ordre. Toutes ces dispositions montraient bien la volonté qui s’affichait de mettre en place une administration digne de ce nom possédant notamment de réels moyens de subsistance. Et cela s’imposait dorénavant à toutes les loges.
L’installation du nouveau grand maître, le duc de Chartres, ne fut réel qu’en octobre 1773 après que ses affaires s’arrangèrent avec le roi. Mais le futur Philippe-égalité sous la révolution, se désintéressa à peu près complètement du gouvernement de l’ordre et laissa tout dans les mains du Duc de Montmorency-Luxembourg. Finalement ses projets désormais bien arrêtés, ne pouvaient que déplaire aux maîtres parisiens. Les nouveaux statuts de l’ordre menaçaient évidemment au premier chef leurs prérogatives. Ils ne pouvaient accepter que ce Grand Orient ne reconnaisse désormais pour vénérable de loge que le maître élevé à cette dignité par le libre choix de ses frères.
À partir de mars 1773 des maîtres Parisiens établir un rapport qui contestait la validité des délibérations de la Grande Loge dite nationale désormais Grand-Orient. A partir du mois d’août de la même année, ils décidèrent de maintenir la Grande Loge de France en déclarant que la prétendue Grande Loge nationale était illégale et irrégulière. La grande loge de Paris dite de France est donc créée par scission des réfractaires à cette réforme par des Maîtres parisiens qui s’efforçaient de maintenir les prérogatives et les usages de de la vieille maçonnerie parisienne.
Ces 2 grandes loges c’est-à-dire la Grande loge nationale et la Grande loge de France finalement vécurent côte à côte pendant encore près de 26 années.
Mais dès 1791, l’activité de la Grande Loge donc du Grand Orient marqua un net fléchissement et il fut décidé à partir de la terreur que ses travaux cessèrent. Finalement ils ne reprirent progressivement qu’à partir du mois de juin 1795, exactement à la Saint-Jean d’été. Durant les 3 années qui suivirent, la Grande Loge travailla à refonder ses structures. Au printemps de 1796, le Grand Orient de France repris véritablement ses travaux et les 2 grandes loges décidèrent, à partir de 1799, de se réunir à nouveau. Pour apaiser les dissensions, et très diplomatiquement, le Grand Orient accepta une ultime concession qui était que les vénérables maîtres actuellement inamovibles pourraient rester en poste 9 années de suite avant une nouvelle élection.
Parallèlement, et sans rentrer dans les détails, cette époque permit également une évolution des grades et des rites maçonniques. Il fut créé seulement 5 ordres, incluant les grades capitulaires et les hauts grades écossais. Et le « Rite Français » remanié permit une récapitulation de l’essentiel de la tradition maçonnique en France mais qui trouva de vives oppositions avec d’autres branches maçonniques, notamment les loges écossaises, qui refusèrent certaines réformes.
