Planche 5 minutes de symbolisme « Notre Dame de Paris »

Dans la planche qui suit, voyez là la simple expression d’un enthousiasme personnel, une invitation à vivre, à notre mesure, une expérience similaire à celle qu’ont vécue tous ceux qui ont reconstruit Notre-Dame.
La cathédrale Notre-Dame a rouvert ses portes le 7 décembre dernier. Les maîtres d’œuvre, les compagnons du devoir et les apprentis qui ont œuvré pendant 5 ans à ce chantier sont des constructeurs. Ces architectes, ces tailleurs de pierre, ces charpentiers, ces archéologues, ces échafaudeurs, ces grutiers, ces cordistes, ces spécialistes du plomb, du vitrail ou du pavement ou ces restaurateurs de peinture, sont des constructeurs. Tous sont animés par une recherche du vrai, une quête du beau ; tous approfondissent et transmettent leur savoir-faire ; tous cultivent des hautes valeurs morales et humanistes ancestrales.
Alors à votre avis, de quels constructeurs voudrais-je vous parler ce midi ?
Les Constructeurs de Notre-Dame comme les Constructeurs réunis ici sont entrés dans le chantier tête baissée, pour se retrouver dans un tourbillon émotionnel géant. Les uns comme les autres ont sur leurs épaules une responsabilité énorme : celle de donner à l’édifice une cohérence totale. Leur engagement est au service d’une œuvre qui est plus grande qu’eux, une œuvre qui dépasse les individualités. L’intérêt de l’édifice prime sur les volontés personnelles.
Pour réussir, ils ont dû montrer de nombreuses qualités morales, j’en citerais trois.
En premier lieu, faire preuve de courage. Les Constructeurs de Notre-Dame ont dû en effet progresser sur des échafaudages gigantesques pour réaliser une tâche parfois difficile, au vent et à la pluie. Les Constructeurs de cette loge doivent progresser par leur travail, encore et encore, dans leur connaissance et leur réflexion. Parce que le jour de notre initiation, nous avons tous fait le serment suivant : « Je promets de travailler avec zèle, constance et régularité à l’œuvre de la Franc- Maçonnerie ». Et parce que nous le savons bien : « De longs et pénibles efforts seront encore nécessaires avant que notre tâche soit achevée. L’heure du repos n’est donc pas arrivée. » Ainsi, dans l’un comme l’autre chantier, le défaitisme ou la résignation n’ont pas cours.
La seconde qualité réside en la confiance réciproque. Cela signifie que chaque Constructeur doit se sentir responsable de l’œuvre, comme responsable de ses frères et sœurs et comme responsable de lui-même. La confiance suppose aussi qu’il n’y a pas de place pour la petite phrase, pour le mot gratuit, pour la mauvaise foi. Il n’y a pas de place pour la remarque déplacée, pour la moquerie ou pour l’ironie qui blesse. Ce serait autant d’occasions de grignoter les liens de confiance qui nous unissent. Au lieu de cela, imposons-nous la franchise et la spontanéité bienveillante. La scène du parjure nous le rappelle à chaque initiation : « Cette pâle clarté, les épées que vous voyez pointées sur cet homme, sont des symboles. Ils vous annoncent que vous ne devez en aucun cas trahir votre serment, car vous pourriez mettre en péril les personnes qui vous ont fait confiance. »
Enfin, en troisième lieu, l’exigence. L’exigence d’un travail de qualité, où chaque détail a son importance. Je cite l’architecte en chef qui a supervisé la reconstruction de la cathédrale : « dans le chantier de Notre-Dame, il y a en réalité 1000 chantiers et sur chacun de ces chantiers, 1000 détails à vérifier. » N’en est-il pas de même pour notre loge ? De telles aventures sont des aventures humaines qui fatalement produisent des heureux et des mécontents car l’exigence est, à tort, parfois prise pour de l’intransigeance. Si nous avons envie que notre œuvre soit la plus grande et la plus belle, si nous voulons éprouver la satisfaction du travail bien fait, alors nous n’avons pas le choix : nous devons abandonner notre fierté sur les parvis – est-ce cela laisser ses métaux ? – pour rechercher la rigueur et une forme d’idéal. On se le dit d’ailleurs souvent à la sortie : « ce soir, c’était une belle tenue ! ». Cela veut dire que le chantier a « élevé nos esprits vers l’idéal de notre Ordre » (comme le demande le V :. M :. lors de la chaîne d’union), et que nous avons connu l’égrégore, tout comme les constructeurs de cathédrale, par leur formidable élan et leur enthousiasme, ont sans cesse cherché la hauteur et l’équilibre de l’édifice.

Le coq fut le dernier élément à être posé au sommet de la flèche de Notre-Dame, tout en haut, au-dessus de la croix. Je ferai peut-être un jour des 5’ minutes sur le coq car c’est un animal avec une charge symbolique puissante. Mais aujourd’hui, je me contenterais de le relier à la vigilance et à la persévérance, qui sont toutes deux présentes et associées dans le cabinet de réflexion. Le coq vigilant est un symbole de l’éveil au matin et le coq persévérant rythme les moments de la journée, celle du travail sur le chantier. La vigilance est une qualité qui nous invite à rester éveillé et curieux, qui nous invite à la sagesse et qui maintient la flamme du désir initiatique. La persévérance évoque la fidélité et l’effort dans la durée ; elle combat l’impatience, mais aussi l’accoutumance ou le découragement.
Pourquoi nos frères et nos sœurs nous reconnaissent-ils comme francs-maçons ? Parce qu’à l’instar des constructeurs de Notre-Dame, les Constructeurs réunis ici sont tenus de se dépasser, d’aller au- delà de leur propre satisfaction, et de développer des qualités de courage, de confiance et d’exigence, des qualités de vigilance et de persévérance, au service d’un édifice plus grand que nous, un édifice qui nous porte, au service d’une formidable aventure humaine qui ne s’arrête jamais.
J’ai dit.